INTERVIEWS

EXCLU ! Interview de écolo-man, l'homme des bois

Il a décidé de vivre en total harmonie avec la nature, loin de ce monde ou la technologie, l'argent roi et les magouilles politiciennes ont les pleins pouvoir. Félicien ne veut plus être l'esclave d'une société de consommation où l'on mange de la soupe en poudre devant les spots publicitaires d'une chaîne de télévision privée ventant les bienfaits d'un shampoing à l'algue verte ! C'est dans un bois, dont il ne désire pas dévoiler le lieu pour plus de tranquillité, que notre journaliste bio-dégradable, alias Morbak, est allé à sa rencontre. Comment peut-on vivre aujourd'hui sans consulter ses messages sur Facebook ? Est-il possible de passer une journée sans connaître les derniers rebondissements de « La ferme en Afrique » sur TF1 ? La vie sans Nutella vaut-elle la peine d'être vécu ? Autant de questions existentielles sur lesquelles cet homme des bois devra nous éclairer !


Bonjour Félicien, pourquoi as-tu décidé du jour au lendemain de te couper du monde, et de ne plus faire qu'un avec la nature ?

C'était à la fin de mes études, j'ai immédiatement pris une année sabbatique afin de faire le point sur ma vie. Savoir ce que je voulais faire de mon destin, ce que je pouvais apporter à la société, trouver une utilité à mon existence. Je me suis très vite rendu compte que mes contemporains ne me méritaient pas. Le travail étant une aliénation, il était clair que je ne pouvais pas y adhérer. La consommation étant devenu la drogue du pauvre, je ne voulais pas m'emmerder avec des crédits pour avoir la dernière télé écran plat ou un iPhone 3G, alors que mon RSA suffit à peine à régler mon loyer. Donc ma décision était prise : je les emmerde tous et je vais vivre dans la nature, loin de toutes tentations, avec mes frères animaux. Fini la bouffe en boîte et le coca-caca, maintenant j'allais manger Bio et vivre en parfait écologiste !    


J'imagine que tu as une alimentation bien plus équilibré que nous autres, gens des villes, dont la nourriture peut se résumer a des pizzas surgelés la semaine et le Mac Donald avec les gosses le Week-end. Fais nous rêver, que trouves-tu de bon à manger dans ton bois ?

Je me débrouille avec les moyens du bord. Je chasse, je pêche, je braconne... Dernièrement j'ai mangé un renard, c'est très spécial comme viande, mais accompagné de quelques châtaignes grillées c'est pas mauvais. Le plus dur est de le découper avec un tesson de bouteille, car je n'utilise que ce que m'offre la nature pour survivre. Certains se démerdent avec leur bite et leur couteau, moi j'ai pas de couteau. Quand à la queue de l'animal je l'utilise ensuite pour m'en faire un étui pénien pour l'hiver, tu vois pas de gaspillage avec moi ! Mon plus mauvais repas a été le hérisson écrasé sauce myrtille, je ne t'explique pas la gastro qui a suivi la digestion... Je peux te dire qu'après mon passage dans les buissons, nos amis les escargots étaient au chaud pour l'hiver ! (rire gras) Mais il arrive aussi que des promeneurs, habitués à me voir dans le coin, me laisse de la nourriture. Il n'est pas rare que je retrouve des sacs de croquettes pour chiens et des boîtes de Fido boulettes. Quand je vois cette générosité je me dis que finalement l'homme n'est pas irrécupérable.

Est-il possible de communiquer avec les bêtes qui peuplent ton environnement ?

Oui, tout à fait, il suffit de bien les observer. Par exemple,  très souvent je parle aux oiseaux, je leur siffle des blagues, tout en mimant des battements d'ailes avec mes coudes. Je devine bien à leurs « piou-piou » qu'ils se marrent bien à ma vanne ! Autant j'arrive a entrer en contact avec les animaux qui m'entoure, autant les promeneurs ont du mal à le faire avec moi ! Il est fréquent que les enfants me lancent des cailloux, me crachent dessus, me jettent des canettes de soda vides, devant des parents hilares. Heureusement ils ne sont pas tous comme ça, il y a aussi des gens bien. Je me souviens de cette grand-mère qui venait de perdre son vieux matou, comme elle ne savait plus quoi faire de sa litière elle me l'a offerte pour y faire mes besoins ! C'est touchant comme attention.


Je ne voudrais pas devenir trop indiscret, mais au niveau hygiène, tu te débrouilles comment pour faire tes grosses commissions ?

Comment faisais nos ancêtres hommes des cavernes à ton avis ? Les chiottes turc n'avaient pas encore vue le jour, et encore moins le sanibroyeur ! Je fais comme les autres animaux, je ne m'encombre pas de vos préjugés bourgeois qui vous empêche de chier où bon vous semble ! La merde est un engrais naturel, alors je prends soin de la disperser autant que possible. C'est aussi très instructif, chaque déjection permet de savoir quel animal est passé par là, connaître l'heure du passage selon la consistance, son alimentation d'après la couleur, c'est pas à l'école que tu apprends ça. Quand tu penses aux nombres d'arbres abattues, uniquement pour fabriquer du papier Lotus triple épaisseur aux senteurs vanilles qui n'irriteront pas le trou de balles des vieilles en tailleur Chanel, ça me rend dingue ! Alors que quelques feuilles de chêne font parfaitement l'affaire. Bon, une fois je me suis planté, croyant prendre de l'herbe, je me suis essuyer avec des orties ! Déjà que j'avais des hémorroïdes, ça n'a rien arrangé, après j'avais un cul de babouin, en pleine nuit il éclairait encore... (rire caverneux) Mais je reste écologiste dans l'âme, la nuit par exemple, j'utilise comme « pot de chambre » les boîtes de Fido vides. C'est du recyclage d'une certaine façon. 



Et pour la toilettes intime, tu arrives à garder une odeur qui ne rappelle pas systématiquement celle du bouc ?

Je me lave régulièrement dans la rivière, on peut vivre comme une bête et garder un minimum de coquetterie. Mon petit plaisir est de frotter sous mes aisselles des marguerites, ça laisse un parfum champêtre sous mes bras. Le plus dur c'est pour les dents, j'ai pas trouvé de substitut au dentifrice, c'est pas faute d'avoir essayer : du sang de lapin, de la sève de sapin, du terreau, mais rien n'y fait.

Passer la nuit à même le sol, en pleine nature, tu n'as pas peur ?

Pas du tout. Depuis que Jean-Pierre Treiber s'est pendu je ne risque plus de le croiser dans ma forêt ! (rire idiot) C'est pas le bois de Boulogne içi, il n'y a pas du passage toute la nuit, je ne suis pas réveillé par les appels de phares. La seule fois où j'ai flippé c'était aux aurores, je dormais nu, il faisait très chaud cette nuit là. Un écureuil qui passait par là s'en ai pris à mes noisettes, il en a croqué une afin de constater si elles étaient comestibles... Je peux te dire que comme réveil matin c'est radical, la grasse matinée ce sera pour une autre fois ! J'ai juste eu le temps de lui flanquer un coup de tibia, d'une vache égarée que j'avais dépecé la veille, et l'abominable petit animal s'est échappé !

J'ai remarqué que tu étais très peu vêtu, tu es à poil sous des sacs poubelles, c'est un choix ?

Toujours cet esprit écolo, ce sont des sacs plastiques bio-dégradables. La mode c'est pas mon truc, je me vois mal avec des sacs poubelles Vuitton. C'est les employés communaux qui fournissent ma garde robe. Quand ils passent changer les sacs poubelles aux abords de la forêt, discrètement ils m'en donne toujours quelques un pour que je puisse rester présentable.



Tu viens de quel milieu social ? Et que pensent tes parents de ton style de vie ?

D'un milieu social plutôt modeste, mon père est chirurgien dentiste et ma mère simple DRH dans une multinationale côté en bourse. Rien à voir avec ces enfants de stars pistonnés pour prendre la relève des parents ou le fils d'un président catapulté aux plus hautes fonctions d'un département. Moi je me suis fait tout seul, et quand je dit tout seul c'est vraiment le mot, étant donné que je n'ai jamais eu d'amis, encore moins une petite amie, et que mes parents m'ont que rarement adressé la parole. Sous prétexte que j'ai fait des études jusqu'à mes trente ans ils me reprochent de ne jamais avoir cherché un petit job pour payer mes études et trouver un appartement ! Ils sont gonflés, je peux pas me concentrer sur mes études en faisant plongeur le soir dans un restaurant, aucune compatibilité possible ! Maintenant ils sont très heureux de mon départ, de mon choix de vie, je pense même qu'ils sont fiers de moi. D'ailleurs ils ont beaucoup compté dans ce changement de vie, le fait qu'il me coupe mon crédit bancaire, qu'il change les serrures du pavillon et qu'ils me fasse interdire de séjour dans leur commune m'a beaucoup aidé à franchir le pas !


Côté sexualité, ça ne doit pas être le nirvana, c'est l'abstinence totale ?

C'est comme dans la vie, il peut y avoir des coups de foudre, des rencontres inattendus. Je ne devrais pas te raconter ça, car c'est très intime, mais un soir j'ai croisé un cerf qui mangeait les écorces d'un arbre. Nos regards se sont croisés, j'ai compris immédiatement que l'attirance était réciproque, la lune qui nous éclairais donnait à cet instant un côté romantique qui me met encore la larme à l'œil rien que d'y repenser... Cette nuit là il a bramé comme jamais, et je peux te dire que c'était de plaisir, sans vouloir me vanter. Mais c'était une histoire sans lendemain, nous ne nous sommes jamais plus recroisé.

C'est bientôt les élections régionales, tu vas aller voter pour les verts ?

Non, je n'ai plus de droit de vote, j'ai été déchu de mes droits civiques. C'est suite à une histoire un peu banale qui m'a valu deux ans de prison, pendant lesquels j'ai du mettre mes études en stand-bye. Pour te la faire courte, j'étais avec des amis en vacance et on fêtaient ma majorité. On avait organisée un barbecue dans le maquis Corse, c'était en été, il faisait une chaleur à déshydratée un hospice entier. Malheureusement, alors qu'on faisait une bagarre de merguez, du charbon encore chaud est tombée sans qu'on y prête attention. Inutile de te détailler la suite, les canadaires on fait des vas et viens durant deux jours ! Résultat quand ils ont retrouvé notre trace j'ai dénoncé mes parents afin de pouvoir reprendre la fac. Tu me croiras ou pas, ils n'ont pas voulu porter le chapeau pour moi ! Je te laisse imaginé l'esprit de famille et de solidarité de mes vieux, ils sont même assez mesquins pour m'en vouloir encore aujourd'hui. Je ne serais pas étonné que cette vieille histoire ne soit pas étrangère au fait qu'il est donné ma propre chambre à un sans domicile fixe. Tout ça pour une amende de plusieurs milliers d'euros qu'ils ont du verser à ma place. Tu comprends mieux mon aversion pour l'argent, ça pourrit les gens ce truc...

Comment vois-tu ton avenir ? Tu penses finir ta vie auprès des sangliers en mangeant des racines d'arbres ?

Oui, je veux prouver au monde les véritables valeurs d'une existence saine, donner l'exemple pour une jeunesse en manque de repère. Du moins tant que l'assistante social qui s'occupe de mon dossier ne m'a toujours pas trouvé un logement d'urgence auprès des services sociaux.

La nuit commence à tomber, je vais devoir te laisser. Tu a un dernier message à lancer à nos lecteurs ?

Oui, si une famille aimante et généreuse est en mal d'enfant, qu'elle m'adopte, je serais me faire discret...

Je ne te garantie pas que Angélina Jolie et Brad Pitt vont se précipiter dès demain matin pour venir te chercher, mais si il y a des réponses je te ferais suivre le courrier. Bonne nuit Félicien...



BRUNO MESRINE fils de gangster, mais pas que...

Pour l’occasion des élections 2012 et de la montée du Front National dans les sondages, nous ressortons des cartons une interview de Bruno Mesrine, fils de l’ennemi public numéro un, accordé à Monsieur Morbak pour le journal Généreux de janvier 1997. Passé comme une lettre à la poste à l'époque cet interview fait froid dans le dos ....


Bruno Mesrine est le fils de son papa qui, rappelons-le, fut le gangster le plus célèbre de France prématurément arraché à notre affection par les troupes du commissaire Broussard. Médaillé de la Défense Nationale, 7 ans d’armée au Tchad et au Liban, professeur de Kung-Fu, le plus jeune pilote d’hélicoptère de France, Bruno est devenu magicien. Avec un pédigrée comme celui-là, il fut normal que Généreux présente Bruno à une Stéphanie de Monaco bien seule depuis sa récente séparation. Du coup notre entremetteur Monsieur Morbak est allé à sa rencontre. Interrogatoire.

 

La Princesse de Monaco est de nouveau libre. Serais-tu prêt à prendre cette place encore toute chaude ?


Pourquoi pas, étant le prince des magiciens, épouser une princesse est ce qu’il y a de plus normal. Elle s’occupe du Festival de Magie à Monaco, c’est intéressant... Mais physiquement, elle est un peu balèse, carrée des épaules et costaud comme un tanker.

 

Tu pourrais de cette façon présenter à son père le gratin du grand-banditisme...


Y’a pas besoin, il a déjà les deux pieds dedans !

 

Ca ferait la joie des journaux à scandales...


C’est certain qu’après un coureur de jupons, le fils de Mesrine, ça va donner du boulot aux paparazzis !!

 

En plus comme tu es magicien, tu n’aurais pas de mal à faire disparaître l’argenterie et les bijoux de famille...


L’argent ne m’intéresse pas. Stéphanie de Monaco non plus d’ailleurs, elle est trop sophistiquée. Je préfère Suria Bonally que j’ai rencontré à l’émission de Morandini.

 

Justement, que penses-tu de l’affreux Jean-Marc ?


C’est un censeur doublé d’une sangsue. Il a l’art et la manière d’entuber les gens avec honnêteté et sans faire de merde. Ime pose une question du genre : "Votre père a tué", je lui réponds : "Beaucoup moins que Pétain !" et il a coupé ma réponse au montage. Je lui ai également fait un tour de magie où il devait tenir deux petites boules en mousse dans les mains, les agiter très fort de haut en bas et quand il ouvrait les mains, une grande bite en mousse apparaissait. Standind ovation... Mais par manque d’humour, il le censura. Jusqu’à la bande-annonce de l’émission dans laquelle j’étais le seul à ne pas apparaître. Les émissions à la con avec des questions imbéciles, c’est fini. C’est comme Louvin et Foucault qui sont des crapules.

 

Tu as été dernièrement victime d’une arrestation. De quelle façon se déroula t-elle ?


C’était un soir où j’étais en panne de clopes. Je descends vite-fait l’avenue de la Grande Armée pour aller au tabac. Alors que je marchais tranquillement, trois flics arrivent sur moi et me passent directement les menottes. Ils me fouillent et trouvent sur moi une fausse carte de flic et un stylo de détresse. Evidemment, ils m’ont embarqué au poste pour expliquer tout ça. Là-bas, je leur demande de m’enlever les menottes. Ils refusent. Comme je suis magicien de métier, je les ai enlevées de moi-même sans problème pour les poser sur le bureau. Ce qui fit monter la tension des policiers.

Quel était exactement le chef d’inculpation ?


Usage de faux papiers administratifs. Je leur réponds que si j’avais eu une carte de voyou, je n’aurais pas été arrêté. Puis ils en viennent à considérer mon stylo lance fusées de détresse comme une arme ! Je demande dans quelle catégorie d’armes ils l’auraient vu classé. Ils me rétorquent qu’il sagirait d’une arme de substitution. Dans ce cas, si je leurs fous la machine à écrire dans la gueule, ça devient aussi une arme de substitution ?

 

Tu es resté en garde à vue ?


Bien sûr, avec mise à poil, fouille, perquisition chez moi... Bref ! La totale !

 

Quelle était l’utilité de la carte de flic et du stylo ?


Pour mes spectacles de magie. J’ai d’ailleurs pu le leur prouver par la suite. Seulement, ce soir là, le hasard a fait qu’ils étaient dans ma poche...

 

De quelle façon cette garde à vue finit-elle ?


Par un coup de fil magique la procédure s’est arrêtée immédiatement et je n’ai pas eu à passer devant le procureur. Je pense qu’ils avaient compris leurs erreurs.

 

Quel milieu fréquentes-tu ?


Tous. J’ai fûmé des pétards avec Lang et Jospin dans les caves du PS et je vois également mes "tontons" qui sont les amis de mon père comme Charlie Bauer.

 

Tu es issu d’une famille noble ?


Oui. C’est une chose que très peu de gens savent. Mon arrière grand-père était Vicomte Mesrine de la Martinière, et j’appartiens à une famille très fière d’être française. Quand la Marseillaise passait à la télé, on se levait tous ! Mais aujourd’hui, je ne suis plus fier d’être français. Pour moi la France s’est arrêté à Pompidou. Je pense qu’il faudrait Le Pen un mois au pouvoir et ensuite un mec bien pour faire ce que personne n’a fait depuis quinze ans.

 

Là, tu vas te faire plein d’ennemis et te faire traiter de facho !


Non. Je ne suis pas pour Le Pen, mais la France a besoin d’un électrochoc, d’une méthode expéditive pour résoudre un avenir déjà foutu dans notre pays.

 

Le Pen au pouvoir c’est pas très démocratique...


Le Pen est démocrate, prouve moi le contraire. Il gagne 99% de ses procès ce qui prouve bien qu’on est manipulé par la presse et la télé. C’est comme les lois Pasqua, 90% des français sont daccords, seulement on est dans un pays démago. C’est quand même lamentable tous ces gens qui envahissent les églises. Qu’on les foute dehors !

 

Je ne partage vraiment pas du tout tes idées et ton père, je pense, ne l’aurait pas fait non-plus !


Bien sûr que si, c’est clair et net, ça a été vérifié. Il n’a jamais eu d’immigrés dans ses complices et les trois mecs qu’il a buté, c’est trois arabes, dont deux enterrés dans mon jardin. C’était des maqueraux.



Madame Gina ...sans son orchestre !

Elle nous revient sous le nom de Madame Gina et elle nous avait bien manquée durant toutes ces années... Souvenez-vous de cette femme à la voix gouailleuse incomparable, de ses chansons à l’humour décalé, elle officiait alors sous le nom de "Gina et L’Orchestre". Trop heureux d’apprendre son retour sur scène, je n’ai pas résisté à l’envie de prendre de ses nouvelles et de faire découvrir à certain d’entre-vous cette grande dame de la chanson française ! 


Qu’as-tu fait durant toutes ces années de silence ?


J’ai écrit un polar qui s’appelle "Définitif Paradis" paru au Serpent à Plumes. J’ai écrit deux autres manuscrits qui ont été refusés. J’ai vendu 1500 exemplaires de ce roman.

 

Pourquoi ne pas avoir profité de ta notoriété en tant que "Gina et l’Orchestre" pour te lancer dans l’écriture ?


Il y a aucune connexion entre le milieu littéraire et celui de la Musique.

 

Tu as pris plus de plaisir dans la chanson ou l’écriture ?


Je suis plus à l’aise dans l’écriture de chansons. l’écriture rapide me convient mieux pour raconter des histoires.

 

Comment es-tu arrivée dans le millieu de la musique ?


J’avais une personnalité tellement extravertie et extravagante que je ne pouvais me retrouver que dans le rock and roll ! J’étais une zonarde qui vivait dans les squatts donc très vite j’ai connu des musiciens car la musique a toujours été ma passion. Manu Chao a repéré ma grande gueule et ma gouaille, j’ai trés vite trainé à Sèvres avec les Hot Pants et leur bande.

 

Quels souvenirs gardes-tu de cette époque du rock alternatif ?


Merveilleuse de créativité, de provocation, de délires, d’amitié, de solidarité ! Nous étions barjos et c’était bien !

 

As-tu gardée des contacts avec les groupes de l’époque comme tes amis les VRP ou Manu Chao ?


Bien sûr ! Ils font partie de ma vie ! Nous avons partagé des moments forts. Mais nous ne sommes plus dans le même secteur géographique et nous sommes des gens qui n’aimons pas être statiques dans nos relations donc la vie avance avec de nouvelles rencontres, de nouveaux projets. Je suis venue à Toulouse grâce à Cyril, guitariste des V.R.P qui y habitait déjà. Avec Néry on se donne des nouvelles et je suis amie avec leur ex manageuse, Katie Couronnes. Avec Manu, c’est plus compliqué, c’est une star maintenant. Mais c’est toujours plein d’émotions quand on se croise.

 

Pourquoi avoir mis fin à la chanson après seulement deux albums ?


C’est moi qui ait totalement merdé pour des raison trop compliquées à t’expliquer. Mais je recommence et réussirait ce que j’ai foiré la première fois !

 

Tu penses que ces cd seront réédités ?


Non, mon ancien producteur ne veut pas mais je pense remettre quelques anciennes chanson sur de nouveaux albums.

 

Tu as la nostalgie de cette période de ta vie ?


Non, je ne suis pas passéiste ni nostalgique surtout qu’à l’époque, j’étais très mal personnellement dans ma tête, heureusement que la bande était là. Je suis aujourd’hui, une femme de 54 ans, désirée, heureuse, épanouie !!

 

Quel à été le déclic de ton retour dans la chanson ?


La littérature ne voulant pas de moi, je retourne à la chanson, le seul truc que je sais faire pour gagner ma vie. Je considére qu’être auteuse et chanteuse est un métier, rien de plus. Mais je ne me doutais pas que j’allais être aussi heureuse de retrouver la scéne et le public, également de travailler avec des musiciens !

 

Tu n’as pas l’impression qu’il y a un revival des groupes des années 80’ : oberkampf, les Bérus, Gogol Premier, bijou, lsd, au bonheur des dames etc.... ?


Oui et non, il y a une trés bonne scéne électro et dub en France, jazz également. Et je ne pense pas que ce soit un revival, ce sont des groupes qui sont inscrits maintenant dans l’histoire de la Musique, comme Amstrong, Billie Holiday, les Stones, Iggy Pop ect... et chaque génération les écoutera. Ça s’appelle la transmission. C’est pourquoi cette époque de sacralisation du jeunisme me révolte par sa stupidité stérile !!

 

Quels sont les artistes que tu écoutes en ce moment et que penses-tu de la scène actuelle ?


J’écoute beaucoup de reggae et, cela va te surprendre, de la musique classique, musique baroque essentiellement. Je retourne aux sources ! Et je télécharge beaucoup les groupes des années 80 genre "Stranglers".

J’écoute aussi des artistes toulousains, il y a foison ici de chanteurs et chanteuses superbes !

 

Comment prépares-tu ton retour sur scène ?


Je serais sur scène juste avec un pianiste. J’ai vraiment envie d’une formule trés Cabaret où la voix et les textes sont mis en avant. Cédric, le pianiste est un virtuose !!

 

Aurons-nous le droit à un nouvel album prochainement ?


Oui, dés que j’aurais trouvé une maison de disques. Les nouvelles chansons sont prêtes ! Mais je n’ai pas envie de faire une auto-production.

 

Tu as signée une pétition en faveur de la libération de Nathalie Ménigon, activiste de Action Directe. Le refus récent de sa libération, malgré un état de santé déplorable te met-elle hors de toi ?


Je ne comprends pas l’acharnement de l’Etat Français envers les membres d’Action Directe encore en prison. Ils ont fait leur période de sûreté et ils sont maintenant inoffensifs. Cipriani est fou, il est en H.P de prison. Il y a dans cette histoire des paramétres qui nous échappent, des gens qui tirent des ficelles, pourquoi, on ne sait plus, mais ces gens de l’ombre relèvent de l’immonde, celui qui brise, celui qui anéantit.

Anniversaire des 30 ans du punk ! Interview de LORAN ex-Bérurier Noir et nouveau Ramoneurs de Menhirs !

Le mouvement punk vient de souffler les 30 bougies d’une génération de petits agités. Il n’a pas trop pris de plomb dans l’aile, la révolution est toujours en marche et les jeunes keupons y croient encore. Pour faire l’état des lieux, c’est Loran, des mythiques Béruriers Noirs, qui s’imposait. Avec les inégalités sociales, le racisme à peine voilé de notre gouvernement, les sans abris et tout le reste qui se barre en couille, le mouvement de la jeunesse contestataire n’est pas prêt de raccrocher ses Dr Martens et de lâcher sa guitare. Tant mieux !

Le mouvement punk est-il en mutation car j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de jeunes dans la rue, nomades avec des camionnettes, ils ont des chiens, ils boivent toute la journée et n’ont aucun objectif à part vivre au jour le jour, de rave party en rave party. Est ce qu’ils sont la nouvelle génération punk dont la musique est la techno ?

Bonjour à tous les agités..... Déjà, à mon avis, le mouvement punk est composé de plusieurs tribus avec différents états d´esprit. Les punk-travellers dont tu parles ne sont qu´une fraction bien minime de ce large mouvement avant tout à vocation anarchiste. Je trouve ta question assez cliché, il faut toujours se méfier des généralités. Dans la mouvance techno, il y a vraiment de tout ; des gens bien investis dans la culture en résistance et d´autres qui ne sont effectivement que des consommateurs (dans tous les sens du terme…).

Pourquoi les punks d’origine ont une crête d’iroquois ?

Déjà à l´origine (1975/1977), le punk ne portait pas d´iroquois. Le symbole de cette mouvance était l´anti-conformisme. Les iroquois sont apparus avec la prise de conscience du coté tribal de la musique. L´iroquois est donc apparu vers la fin des années 70 début 80..... L´iroquois pourrait symboliser la résistance tribale face aux injustices du monde dit civilisé....

On a du te poser la question déjà 100.000 fois, mais bon ! Pourquoi ne vous reformez vous pas "vraiment" ? Si vous avez encore du plaisir à jouer ensemble et que vous avez encore des morceaux sous le coude, pourquoi se limiter à des apparitions ?

On l’a toujours dit depuis notre retour sur scène pour l´occasion des 25 ans des Transmusicales de Rennes, le retour des béru n´est pas une reformation mais une transformation. L´énergie bérurière est concentrée sur la résistance artistique avec notre label "Folklore de la Zone Mondiale" (www.fzm.fr ).

Tu écoutes quoi comme musique maintenant ?

En fait au niveau musical et artistique, j´aime bien tout ce qui est fait avec le cœur. Ca va de la musique tribale au punk-électro. J´adore bien sur les groupes que nous produisons et distribuons sur FZM. En ce moment pour ma part, je suis à donf dans la musique traditionnelle bretonne et celtique...

Les deux albums "hommages" sortis cette année sont plutôt électroniques. Comment expliques-tu ça ? Toi même te sentais-tu proche à l´époque de l´électro ou plus du rock ?

Depuis le début, le punk et la musique électronique ont toujours fait bon ménage. Le punk est né en pleine crise de l´économie industrielle. C´est normal qu´elle soit influencée par le coté industriel du rock. Par exemple des groupes comme "cabaret voltaire" ou bien "metal urbain" montrent bien que le début du punk était aussi du rock avec des machines. Pour moi, les béru est un groupe électronique du fait d´avoir une boite à rythme plutôt qu´un batteur. D´ailleurs sur notre label, la plupart des groupes utilisent des machines. "ethnopaire", "hydra", "junior cony", "cellule x", "calavera" etc....

Qui sont pour toi les groupes français "punks" à l´heure actuelle ? Pour moi, actuellement, les derniers bons groupes punk sont ceux qui résistent à la culture de supermarché qu´on essaie de nous imposer, et qui essaient de fonctionner avec un rapport au commercial complètement différent.

Voir Jean-Paul Gauthier avec une épingle à nourrice à l´oreille, Viviane Westwood star de la mode, les groupes de "punk californien", les Sex-Pistols qui se reforment pour un jeu vidéo... ca te fait quoi ? C´était prévisible ?

Bien sur. Lorsqu’un mouvement dérange par sa radicalité, on essaie de le récupérer, c´est bien connu. Ca prouve simplement la puissance de cette mouvance.

Vous pensez quoi du téléchargement et du rapport Olivennes ? Ca vous dérange qu´on télécharge vos albums ?

Bien sur que le téléchargement ne nous dérange pas. Ce que je ne comprends pas, c´est le foin qui est fait autour de tout ça. Avant l´informatique, les gens dupliquaient avec des K7 audio. Ce qui compte avant tout, c´est le partage de la musique avec un esprit d´échange et non uniquement commercial.

Quel est la "couleur politique des Béru" ? Que pensez—vous de cette phrase : "Un révolutionnaire ne démissionne jamais ! "

Justement, les Béru ne s´s’apparentent à aucune couleur politique. On défend avant tout les idées qui nous paraissent justes. On peut quand même dire que les Béru ont une grosse tendance libertaire. C´est vrai qu´un révolutionnaire ne démissionne jamais. Quand les yeux sont ouvert c´est difficile de les fermer.

Ca vous a fait quoi l´accueil du public lors de vos concerts y´a 2-3 ans ? Ca vous a pas donné envie de remettre ça ?

Bien sur que l´accueil du public envers les Béru était vraiment fraternel et chaleureux. C´est cette énergie d´ailleurs qui me pousse à continuer la musique. Mais il faut savoir préserver les bonnes choses, comme en amour il faut savoir s´arrêter à temps plutôt que tout gâcher. Le fait d´être devenu un groupe "culte" et d´entendre aujourd´hui encore ses chansons reprises dans toutes les manifs, n’y a t-il pas un risque d´avoir la grosse tête ? Justement c´est pour ça que je préfère continuer avec "Les Ramoneurs de Menhirs" à une échelle plus humaine. Faites de moi un mythe si ça vous chante, mais svp attendez que je sois mort par toutatis. Et pour l´instant, c´est pas le cas, je me sens rempli d´énergies à partager.

Penses-tu qu’un titre comme "mineurs en danger", évoquant une banlieue maudite (...) soit particulièrement d´actualité ou tristement et éternellement d´actualité ?

Vu le comportement actuel du gouvernement français et européen en général il y a de fortes chances que les morceaux des Béru restent encore longtemps d´actualité.

Selon toi, le punk, en tant que musique reposant sur une guitare minimaliste, une boite à rythme et un saxo, a-t-il encore un avenir, et lequel ?

Tu sais, je pense que dans la musique comme dans l´artistique en général, il n’y a aucune règle. Tout est constamment possible ; rendre l´impossible possible telle est ma devise. Punk comme attitude, tu ne trouves pas ?

Aviez-vous, à l´époque, une conscience aigu de la portée politique de vos titres, et avez vous été surpris de la longévité du mouvement punk et de votre popularité après la dissolution du groupe ?

Bien sur que lorsqu’on était gamin et qu´on a composé les premiers morceaux béruriers, si on avait imaginé l´impact de ces morceaux par la suite, on n’aurait certainement rien fait. Notre force est notre sincérité instinctive. Les Béru c´est un peu de l´art brut.

Depuis que vous avez dit "plus jamais Le Pen à 20%", comment avez-vous vu l´évolution des choses en France ? Est-ce que la situation s´est améliorée, tant soit même un peu ? Les choses sont-elles pires aujourd´hui sous Sarkozy que sous Pasqua ?

La pire des choses dans le fascisme est sa banalisation. Je crois qu’avec le gouvernement Sarkozy, on ne pouvait pas faire pire. En vieillissant, il y a pas mal de groupes de votre époque qui se sont "assagis". Pas toujours en se vendant totalement, mais souvent en étant plus "calmes". Et vous ? Comment vivent les "Bérus" en 2007 ? Je ne me suis jamais senti plus radical que maintenant. Plus je vieillis, plus la connerie humaine m´insupporte.

Pourquoi vous faites vous aussi discret dans les médias télévisuels ; est-ce un choix personnel ou est-ce les programmations musicales de ces chaines qui ne laissent pas la place à votre style musical ?

Tu sais, les gros médias ne diffusent uniquement que ce que leurs actionnaires leur demandent. Et je ne pense pas que les Béru soient aimés des vendeurs d´armes (d´assault, lagardère) et des vendeurs de mort (EDF). On a pourtant avec les groupes du label beaucoup de choses à dire et de solutions à proposer. Mais comme les Béru soutiennent le comité anti pub, le Folklore de la Zone Mondiale (notre label) ne commande aucune pub nulle part (ce qui est logique). Souvent dans la presse, lorsque tu ne commandes pas de pub, tu n’as pas d´article. Bref, faut finalement payer pour s´exprimer ! Alors qu’une interview est bien plus intéressante qu´une pub à la con.

Maintenant que tu fais parti des Ramoneurs, habites-tu en Bretagne et que penses tu des Bretons ?

Effectivement, je suis réfugié politique en Bretagne. Je ne supporte plus les choix politiques stupides des Français. Je remercie le peuple breton pour son hospitalité inoubliable. Merci à vous tous de m´avoir accueilli les bras ouverts. Avec vous, je me battrai pour la liberté et l´indépendance de la Bretagne.

Que penses-tu du dernier Béru ?

Il n’a pas trop marché.

Je pense que "invisible" est un bon album. ; peut être un peu trop personnel pour la plupart des gens ! Mais pour ma part, "dan diaoul" des Ramoneurs de Menhirs me correspond beaucoup plus au niveau de l´énergie et du son.

Après le punk et le Hip hop, crois-tu que nous aurons droit à de nouveaux courants contre culturels forts ?

Bien sur ! Ca s´appellera le punk-noz…..

Interview de Marc Bihan réalisée avec la collaboration de Yann Leroux

les Ramoneurs de Menhirs seront en Juin au festival SATIRADAX



interview de FRED ROMANO la dernière compagne de COLUCHE

Il y a déjà plus de 25 ans disparaissait le plus irremplaçable de nos humoristes, les télés nous ressort ses sketchs les plus cultes, mais vus et revus. Les journaux interrogent toujours les mêmes amis qui nous racontent toujours les mêmes histoires... Pourtant il existe une personne à qui aucun média ne demande son avis, et pourtant elle fut l’un des derniers grands amours de Coluche. Elle a vécu une folle et douloureuse liaison avec lui faite de déchirements et de retrouvailles dans un univers où la drogue était omniprésente.

Fred Romano, dite la grande Fred, raconte cette période tumultueuse de sa vie dans un roman intitulé "Le film pornographique le moins cher du monde" (Edition Pauvert), sorti il depuis déjà quelques temps. Comme nos confrères de la télévision sont trop frileux pour la recevoir sur leur plateau de peur de certaines révélations, c’est dans nos pages qu’elle se confie :

La première constatation à la lecture de ton livre, c’est que Coluche et toi étiez constamment défoncés à la cocaïne et aux pétards, c’était pour détrôner Philippe Léotard ?

Non, ce n’était pas constamment, on ne passait pas nos journées à ça, c’était une constante dans notre vie plus précisément, il faut dire qu’il y en avait à tous les coins de rue et quand il n’y en avait plus il y en avait encore ! C’est des gens qui se chargeaient d’en apporter, mais on n’en prenait pas à chaque seconde de notre vie. La drogue est très présente dans ce livre mais je ne parle pas que de ça....

Exact, tu parles aussi de cinéma et on apprend que tu as refusé de tenir le rôle de la punkette de "Tchao Pantin", n’importe quelle actrice aurait accepté, tu ne le regrettes pas aujourd’hui ?

Absolument pas, j’en suis même très fière, c’est Coluche qui m’avait proposé ce rôle, c’était pas une proposition officielle, mon refus avait été motivé par la très mauvaise adaptation qui avait été faite de cet excellent livre, ils avaient introduit un côté œdipien dans ce personnage qui m’avait énervé.

C’était d’ailleurs la raison invoquée à Coluche : "...Tu n’as qu’a proposer ce rôle à une greluche au regard de veau pour jouer cette victime œdipienne." C’est pas flatteur pour Agnès Soral ?

Je ne pensais pas du tout à Agnès Soral en disant cela, ça décrit surtout un moment de crise où j’étais énervée, j’ai d’ailleurs fait un portrait assez flatteur d’Agnès Soral dans mon bouquin qui prouve tout le respect que j’aie pour elle, j’estime même qu’elle s’en est bien tirée de ce rôle qui n’était pas un cadeau. Mais je pense que ce rôle n’a pas été très bon pour le reste de sa carrière, ça l’a trop catalogué.

Tu as gardé des amis parmi toutes les stars qui défilaient chez Coluche à cette époque ?

Je n’ai gardé aucun contact de cette période, tout le monde était mon ami quand j’étais avec Michel et dès notre séparation il n’y avait plus personne !!

Tu as quand même fait des rencontres intéressantes telles que celle de l’excellent Reiser ?

Reiser était quelqu’un d’extraordinaire, humainement parlant sans tenir compte de son talent qui était immense, il était extrêmement émouvant et d’un courage incroyable, à cette époque il se battait contre sa maladie et sa m’arrachait le cœur de le voir partir de cette façon en petits morceaux, il avait un regard d’enfant émerveillé que je n’oublierai jamais.

J’imagine qu’il y avait de nombreux pique-assiettes et de faux culs rue Gazan ?

Il y a eu énormément de gens infréquentables du show-biz qui sont passé chez Coluche, mais je ne suis pas là pour donner des noms, ensuite il est mort et de nombreuses stars se sont déclarés êtres ses grands amis alors qu’ils ne l’ont fréquenté qu’une heure ou un mois.

Sa maison a même été incrustée par les renseignements généraux, qui s’intéressaient de près à la cocaïne qui circulait dans ces fameuses soirées, ça devait être stressant ?

C’est une pratique très courante de l’état français de surveiller les artistes, ce sont des gens dangereux ! Tu imagines bien que par la suite il était sur ses gardes...

Coluche a été invité à bouffer avec Mitterrand, devant lequel tu as allumé un joint, il a tiré dessus ?

(rire) Non ! Il a eu moins de courage que Clinton qui fumait des joins sans avaler la fumée ! (alors que ça secrétaire oui ! ndlr) Si j’ai roulé ce joint c’est parce que j’avais la nette impression que Mitterrand se foutait royalement de la gueule de Michel, et je l’ai provoqué car je ne supporte pas qu’on se foute de la gueule de mon mec. Michel m’en a voulu par la suite, il pensait que j’avais foutu en l’air ce rendez-vous important pour lui qui devait consister à mettre en place ce qui est devenu aujourd’hui Les Restos Du Coeur...

Pour en revenir au cinéma, le tournage de "Deux heures moins le quart avant J.C" t’a laissé un mauvais souvenir à en croire ton bouquin ?

C’est un souvenir à mourir de rire tellement c’était pathétique ! C’était un film comique sur le cinéma français, c’était une parabole fantastique ! Cette ambition pharaonique en Tunisie avec des Français, ça avait un côté franchement comique... J’avais énormément d’admiration pour Jean Yann, c’était un provocateur formidable, mais cette période de sa vie n’est vraiment pas la meilleure, heureusement il s’est ensuite remis à niveau.

Le tournage de "Tchao Pantin" était également difficile, il se déroulait Porte De La Chapelle, un quartier très chaud de Paris ?

Ce quartier c’était une véritable poudrière, dans tous les sens du terme ! (rire) C’était très dangereux, des bagarres de rues continuelles, c’était explosif !

Tu cites de nombreuses personnes en donnant leur prénom et l’initial de leur nom de famille, mais on devine immédiatement de qui il s’agit, comme pour cette Carole B, belle et célèbre actrice française ayant vécu avec un Obélix et chez qui tu as pris de l’opium, pourquoi ne pas citer directement la personne ? C’est le bouquet !!

C’est mon avocat qui m’a conseillé de faire ça. Pour l’instant personne ne m’a contacté, aucun homme en robe n’ai venu à ma rencontre lors de mon séjour à Paris, à part quelques travestis !

Il n’y a aucun doute sur l’identité de ce Claude B réalisateur de "Tchao Pantin" qui offre de la coke à tous le monde pour fêter la fin du tournage de son film, c’est bien Claude Berry ? Tu n’as pas peur qu’il te fasse un procès ?

Et alors ? Comme si tu ne savais pas, sincèrement il n’est pas en mesure de se retourner contre moi, je l’attends... Il avait acheté cinquante grammes de coke pour moins d’une brique, une bonne affaire, qu’il réservait pour le banquet de fin de tournage, et c’était la queue dans l’escalier le soir de la distribution...

Malgré toutes ces sulfureuses révélations aucune émission de télé ne t’a contacté pour en parler, même les grandes gueules genre Ardisson ou Fogiel ?

Aucune, à part PPDA bizarrement, je suis pour ainsi dire interdite d’antenne, censurée par des personnalités internes aux médias. Ils ont peur de remuer le passé de Coluche et d’avoir à mettre à jour des sujets délicats qui en dérangent plus d’un...

Il y a une seule personne dans ton livre dont je n’ai pas réussi à trouver l’identité "Pierre, un intellectuel enfant chéri des salles de rédaction" qui venait uniquement chez Coluche pour prendre de la coke, et à qui un jour Coluche a réussi à lui faire sniffer de la farine ! Qui est cet homme ?

Ca je ne vais pas te le dire ! (éclat de rire) Cette réponse intrigue tous le monde ! Seulement deux personnes ont su de qui il s’agissait, mais je ne peux vraiment pas te dire son nom.....

Dommage... Ta relation avec Coluche était quand même malsaine, il te trompait ouvertement avec Choupette, ta meilleure amie, et toi tu acceptais ça ?

C’était ma meilleure amie et mon mec, elle avait aussi été mon amante, ce que je trouvais dégueulasse c’est qu’elle ne veuille pas qu’on fasse un truc à trois, ça aurait été sympa, convivial...(rire) Je suis jalouse mais contre la propriété des corps, j’acceptais donc. Après notre séparation j’ai continué à revoir Coluche mais c’était fini...

Tu t’es fait avorter d’un enfant que tu attendais de Coluche, tu le regrette aujourd’hui ?

Bien sûr... Mais aujourd’hui je n’ai toujours pas d’enfant, ça m’est pratiquement impossible, j’étais incapable à cette époque d’expliquer mon geste à Michel, c’était trop compliqué, je n’ai jamais parlé à personne de ce traumatisme que j’ai subi dans mon adolescence avant ce livre. (NDRL : elle fut violée à l’âge de quinze ans et s’avorta elle-même.)

Penses-tu que le jour de son accident de moto Coluche était défoncé, ce qui aurait provoqué ce drame ?

Je n’ai jamais su trop quoi penser de cet accident, ce qui est certain c’est qu’il était en pleine préparation d’un spectacle explosif, les bandes étaient enregistrées et elles ont disparu comme par miracle après l’accident, j’aurais aimé savoir ce que contenaient ces bandes....



interview François Rollin par Marc Bihan

François Rollin est un humoriste à part, bien plus drôle que ceux monopolisent le petit écran, sa vie est si riche que j'ai voulu en savoir plus...

Nous allons récapituler rapidement quelques dates importantes de votre carrière .Vous avez démarré comme journaliste au Monde avant de vous retrouver sur les planches. Comme Desproges qui était pigiste à l'Aurore, vous sentez-vous proche de son univers ?


Desproges fut pour moi, comme Claude Serre, Roland Topor, et Darry Cowl, un grand frère. J’aimais sa façon d’être, et je suis bien content d’avoir animé le bouquin que lui consacra Point Seuil l’an passé.

 

Ne pensez-vous pas que la télévision manque de courage à notre époque, en ne donnant pas sa chance à de nouvelles émissions de ce genre ?


La télévision est un outil de masse sans foi ni loi, une pauvre machine à profit, il ne faut rien attendre d’elle, elle ne distillera, sauf accident (Shadoks, Palace, Kaamelott) que de l’eau grise et de la médiocrité, pendant une soixantaine de siècles encore.

 

L'émission Groland n'est-elle pas le dernier espace de totale liberté à la télévision ?


Il se peut... jusqu’à ce que s’ouvre, par hasard, un nouvel espace d’authentique liberté. Il ne faut désespérer de rien, et surtout pas de la jeunesse ni des idées. Je ne crois pas que nous devions nous accrocher aux seuls créneaux de liberté surveillée qu’on nous octroie : il nous faut, il vous faut, en conquérir d’autres, innombrables. Debout, s’il vous plaît!

 

Kaamelott est certainement la meilleure série télévisée française depuis des lustres, ce doit être un bonheur pour vous d'y participer ?


Astier est un génie, et un ami, toutes les comédiennes et tous les comédiens sont épatants... que demander de plus?

 

Jean-Jacques Vannier est également un autre de vos complices, comment expliquez-vous que des gens de talent tels que lui ou encore Albert Meslay et Laurent Violet, ne sont pas plus médiatisés ?


Brel a dit “Les riches le méritent bien”. Ils ont assez voulu l’argent pour l’obtenir. Semblablement, Artur ou Dubosc méritent bien leur notoriété, ils l’ont tant voulue ! Les trois que vous me citez, auxquels je m’associe volontiers, n’ont probablement pas assez désiré le succès médiatique à grande échelle. Voilà tout. Leur flamme brûle ailleurs.

 

Aujourd'hui les chroniqueurs radio en vogue sont Stéphane Guillon, Didier Porte, Fabrice Eboué, Régis Maillot. Ce genre d'humour vous fait-il rire ?


Votre échantillon n’est pas homogène, à mon sens, et je n’en dirai pas plus, car je tiens avant tout à ce que la libre parole soit une nécessité absolue en démocratie. Mordez dans le gras, les mecs, l’histoire fera le tri !


Vous étiez ami avec Dieudonné avant qu'il soit banni par tous, où en sont vos relations à ce jour ?


J’ai de l’amitié et de l’admiration pour le comédien et l’humoriste, et je suis en total désaccord avec le militant. Il le sait, il l’accepte. Tout est en ordre, de mon point de vue.

 

Vous avez touché à tout : télé, radio, cinéma, théâtre, livre... Dans quel domaine prenez-vous le plus de plaisir ?


Le sexe, indéniablement.

 

Vous aviez une rubrique dans la remarquable revue de prestige TGV Magazine, disponible gratuitement dans tout bon TGV qui se respecte. Ils vous ont viré ! Comment avez-vous réussi un tel exploit ?


J’ai osé émettre des réserves sur le service des voitures-bar. Les syndicats fascistes ont obtenu mon éviction. Qu’ils aillent se faire enculer!

Pour tout savoir sur François Rollin : www.francois-rollin.com

INTERVIEW EXPRESS DE MADDYE JONES

Interview de Maddye Jones par Julian Byroot

Maddyes Jones est une artiste un peu à part... Elle n'a qu'une seule obsession : les burnes ! Elle les photographie sous tous les angles, de nombreuses stars sont au tableau de chasse de cette exposition qui se tient dans une des plus grandes galeries d'art de New-York. Pourquoi cette passion sans borne pour les testicules ? C'est la première question que le plus couillu de nos journalistes lui a posée !

Bonjour Maddye, d'où te viennent cet amour et cette fascination pour les bourses masculines ?

En voyant mon père sortir de la douche. J'étais toute petite, la vue de ses sacoches pendouillantes m'a marquée. En grandissant c'est la première chose que je voulais voir chez un homme, je trouvais ça très mystérieux. Il y a quelque chose de très érotique dans la vision de ces poches à sperme. Moi je suis très excitée à cette simple vue, je sais qu'il y a beaucoup de femmes qui n'aiment pas ça.

Pourquoi avoir décidé de les prendre en photo ?

Car elles sont toutes différentes ! C'est comme une empreinte génétique ! Je suis certaine que rien qu'en voyant la paire de couilles d'une personne que je connais, j'arriverais à savoir le nom du propriétaire ! Sur les photos pornos amateurs, si tu ne veux pas qu'on te reconnaisse, ce n’est plus le visage qu'il faut flouter mais plutôt les roubignoles !! (rire) Il y en a des petites, des grosses, des pendantes, des poilues, des bronzées, des flasques, des ridées..... Il y a une paire différente pour chaque homme, c'est une véritable source d'inspiration inépuisable pour moi. Tu me diras que j'aurais également pu m'attarder sur les verges, c'est la même chose, chaque bite est différente, c'est fantastique à découvrir ! Je passe tellement de temps à les scruter, les regarder, les admirer, que j'en oublierais presque de baiser ! (rire)

Inutile de te demander ce que tu regardes en premier chez un homme, j'imagine que ce ne sont pas ses yeux ?

J'adore les jeans moulants, je me fais tout de suite une idée de ce qu'il contient, en général je ne me trompe pas trop sur les proportions... Par exemple, en ce qui te concerne, je pense que tu es pas mal, dans la moyenne, tu n'as pas à te plaindre, la nature ne t'a pas oublié...

(intimidé) Bon, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos roustons, pourquoi les photographier uniquement en noir et blanc ?

C'est plus beau à regarder, ça donne un côté fantastique, on ne reconnait pas immédiatement de quoi il est question, on pourrait penser à des photos lunaires, les cratères d'une planète inconnue. J'ai essayé la couleur, c'est trop vulgaire, ça fait vieux film de boules des années 70', je fais de l'art pas du cul !

Ce qui fait le grand succès de ton exposition, c'est la présence de couilles de stars. Quels sont les baloches les plus célèbres que l'on puisse admirer ?

Il y en a un certain nombre du cinéma comme de la musique, parmi les plus connus tu peux découvrir celles de : Charles Branson, Dany Devito, Marylin Manson, Mick Jagger, Tom Cruise, Peter Doherty, Léonardo Dicaprio etc... Il y en a une quinzaine au nombre.

Comment as-tu réussi l'exploit de te procurer ces photos ? Ils se sont portés volontaires ?

Pas tous, certain ne savent mêmes pas que leurs parties intimes ont été photographiées pendant leur sommeil ! Aujourd'hui ils se retrouvent avec leurs couilles sur des  panneaux de six mètres de haut ! (rire)

Tu as couchée avec toutes ces stars ?

Non pas avec toutes, mon âge ne me le permettant plus ! Le déclic s’est fait le soir ou je me suis tapée Mel Gibson, c'est lui qui insistait pour qu'on fasse des photos de nos ébats, ça l'excitait, j'ai pris son trou de balle, ses burnes, son sexe, j'ai plus de 100 clichés de cette soirée !! Ce soir là Mad Max avait une autre allure avec son gode martinet planté dans le cul ! (rire) Ensuite quand j'ai eu des aventures avec des célébrités j'ai toujours gardé des photos souvenirs.... Par la suite je me suis mise en contact avec des groupies qui passent leur temps à vouloir coucher avec des stars ; en échange de photos de boules je leur donnais un petit défraiement, c'est de cette façon que j'ai réussi à me concocter cette merveilleuse collection !

Tu as des projets ? Photographier des anus de stars par exemple ?

Non, leurs tronches de trous du cul sont déjà assez présentes à la télévision ! (rire) Ma prochaine exposition sera consacrée à des cadavres d'animaux en décomposition avec chaque étape de la mort : les mouches, les vers qui en font leurs repas, le corps vidé, la vie quoi !!



IZIA par Marc Bihan


Hier soir je rentre dans la chambre de ma fille, le mur est tapissé de photos de sa chanteuse préférée, Izia. C'est une situation très étrange, je fais un retour vingt années plus tôt, et je revois ma chambre couverte de posters de mon idole, Higelin. Le grand Jacques a transmis le virus de la chanson à son enfant et la mienne prend le relais de son père dans l'admiration du  clan Higelin !

-    Quelques mois après tes Victoires de la Musique, quel regard portes-tu sur cette soirée et sur ce prix ?

En fait je viens juste de m'en rendre compte ! Dernièrement après une réunion avec mon producteur, j'étais sur le scooter avec mon guitariste et c'est à ce moment-là que je venais de réaliser que j'avais eu des Victoires de la Musique ! Ca fait bizarre en fait ! On parlait du deuxième album et je lui ai dit : Putain, on a quand même gagné deux Victoires de la Musique, c'est ouf ! J'avais pas réalisé jusqu'à hier en fait ! (rires)

-    En dehors de la considération du métier et du plébiscite du public, ce prix change t-il réellement quelque chose au déroulement de ta carrière ?

Ca n'a pas réellement changé grand chose, étant donné que, comme je te le disais, je ne m'étais même pas rendu compte que j’avais gagné. La seule chose qui a changé, et que je voulais, c'est qu'il y ait plus de monde aux concerts.

-    Tu as quand même un succès foudroyant ! Tu imaginais que ça viendrait si vite ?

Non pas vraiment, mais ça à pris le temps que ça devait prendre. Je ne connais pas vraiment la norme vu que je n'ai jamais fait autre chose et que je n'ai jamais expérimenté d'autres trucs. Tout le monde me demande si c'est pas allé trop vite, mais non ça va, c'est pas allé trop vite du tout. C'est venu à mon rythme. Je chante depuis toute petite, depuis que j'ai 7 ans, j'ai commencé à m'y mettre plus sérieusement à 13 ans, à composer des titres. A 15 ans j'ai joué dans une soirée et on m'a proposé un concert, à 16 ans j'ai fait mon premier concert et c'est là que tout a démarré !

-    Dans la catégorie “chanteuse française” tu es vraiment unique, tu fais du rock'n'roll et en anglais, on est loin de Jeanne Cherhal et d’Olivia Ruiz ! Tu ne te sens pas trop seule ?

Pas du tout, je ne me sens absolument pas seule, j'aime beaucoup ma place et je trouve ça très chouette d'être la seule dans cette catégorie. Je suis entourée de mes musiciens, des gens que j'aime au quotidien, je suis un électron libre, je peux me balader de bandes en bandes. C'est bien de ne pas faire partie d'une communauté artistique avec les Camille, Olivia Ruiz et Jeanne Cherhal. Je me sens bien dans mon coin avec ma musique et ma personnalité. 

-    Sur scène tu es une boule d'énergie, tu dois être sur les rotules en fin de concert ?

Ouais, là je suis un peu fatiguée. On a fait un breack un peu forcé, on devait partir en Chine, et on a dû annuler les dates car j'étais au bout du rouleau. A la fin des concerts je suis épuisée, après 2h de show je sors de scène et je m'allonge, j'ai du mal à reprendre mon souffle. En plus je viens de me choper une laryngite qui n'a pas arrangé mes histoires ! Là on revient d'une tournée intense d’un an avec plus de cent cinquante dates, donc j'étais vraiment dead ! Maintenant ça fait du bien de reprendre une vie normale, de voir d'autres gens que ceux que tu vois en tournée... Mais c'est vrai que là ça commence à me manquer, ça fait plus de quinze jours qu'on n’a pas joué, ça commence à faire long !

Tu as fait la première partie d’Iggy Pop à dix huit ans ! J'imagine que c'est impressionnant ?

(hésitante) Ouais...c'est impressionnant, mais c'est encore plus impressionnant de jouer devant quatre mille personnes alors que tu n'as fait que trois concerts dans ta vie en fait ! Iggy Pop c'était strange car on l'a pas trop vu avant le concert, tout s'est fait très rapidement alors on n’a pas trop eu le temps de réaliser finalement. Ce qui m'a le plus marqué c'est de jouer au Palais des Sports en fait.

-    As-tu l'intention de faire des chansons en français ou c'est exclu ?

Non, j'en ai pas l'intention, c'est pas dans mes projets. Après je ne sais pas ce qui peut arriver plus tard, mais pour le moment c'est pas le cas. Je me sens plus à l'aise en anglais.

-    Il est difficile de ne pas parler de ton père, quand il est aussi célèbre que le tien. J'imagine que c'est lui qui t'a transmis l'amour de la musique et de la scène ?

Oui, bien vu, bingo ! (rires) Quand j'étais gamine on chantait ensemble, on jouait de la musique, on improvisait ensemble... Quand j'étais petite et que je le voyais sur scène c'était super inspirant pour moi. C'est vrai que cette liberté scénique, cette énergie et cette envie d'en découdre avec la musique ça m'est vraiment venu de lui.

-   C'est très rare de voir trois générations de talent dans le même domaine. Je vous ai vus tous les trois sur le plateau de Denisot à Canal +, ça devait être émouvant de se retrouver Jacques, Arthur et toi côte à côte ?

C'était super émouvant, j'étais très touchée, hyper émue, comme Jacques et Arthur, on était vraiment contents de se retrouver tous les trois dans cette émission. On était vraiment heureux de le faire, maintenant si on refait un truc ensemble ce sera certainement plus musical. Mais cette émission c'était un peu comme officialiser une relation, un peu du genre comme quand tu présentes ton mec à tes parents ! (rires) C'était rigolo et émouvant pour nous.

-   Il parait que tu vis encore chez papa ? C'est pas trop dur ?

-    Ouais, je suis bien là ! (rires) Bon j'ai toujours un oeil sur les apparts quand j'entends parler d'un truc, je pense peut être bouger en septembre un truc comme ça ! Pour l'instant je suis bien, quand je rentre de tournée se retrouver toute seule ça doit pas être évident, j'aime bien retrouver mes parents, me sentir dorlotée. Je n'ai que dix neuf ans, alors après la folie des tournées, c'est bon de retrouver son petit chez soi avec ta mère qui prend soin de toi. C'est bien de pouvoir se poser, de prendre le temps, et de ne rien faire, c'est aussi important.

-    C'est un plus d'avoir de la famille dans la musique pour trouver de bons musiciens ?

Pas du tout en fait ! Les musiciens qui ont travaillé avec moi je les ai rencontrés par connexions de personnes. Antoine, mon bassiste, est un ami de ma mère et pas du tout de mon père, c'est lui qui m'a présenté un guitariste etc... Les rencontres se sont faites par le hasard, c'était très naturel en fait. C'est presque désarmant ! Tout est arrivé simplement, ça coulait de source. Je n'ai que dix neuf ans, j'ai toute la vie devant moi et j'ai déjà accompli un truc important, j'ai fait un putain d'album de rock fait à l'ancienne, c'est vraiment du bonheur.


-    C'est pas trop difficile de garder la tête sur les épaules quand on a un tel succès si jeune ?

Non, car comme je te l'ai dit ça parait rapide pour les autres, mais c'est venu très naturellement pour moi, j'ai pas eu l'impression que le succès me tombait sur la gueule du jour au lendemain ! Ca fait déjà longtemps qu'on tourne avec cet album, qu'on fait des concerts, ça s’est développé assez lentement en fait. Et puis je suis encore chez mes parents, je fais mes trucs d'ados, j'ai pas de quoi péter les plombs.

-    Comment fais-tu pour avoir une voix aussi étonnante ? Tu fumes trois paquets de Gauloises par jour ?

C'est ma voix naturelle ! Elle est cassée, c'est vrai que je clope mais pas des tonnes non plus. Les filles elles muent aussi ! A quinze / seize ans j'avais une voix plutôt claire et elle s'est enrouée de plus en plus pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. C'est vrai que quand je chante ma voix monte dans des hauteurs qui font qu'elle s'éraille un peu. Normalement j'ai une voix plus jazzy, plus blues, mais dès qu'elle s'éraille elle devient plus grave, plus sensuelle parfois. Sur le nouvel album à venir je cherche une nouvelle direction, car j'en ai un peu marre de chanter comme ça.

-    C'est pas trop énervant les éternelles comparaisons avec Janis Joplin ?

Non, les gens ont besoin de se repérer, il n'y a pas de problème. Y'a pire comme comparaison !
   
-    Quelles sont tes influences musicales, les groupes que tu écoutais petite à la maison et ceux que tu écoutes aujourd'hui ?

J'écoute vraiment de tout, Seb le guitariste a de grosses influences : Hendrix, Led Zep etc... C'est lui qui a envoyé ce son grave, et avec ma voix rauque et puissante on est allés vers cette énergie-là. Mais dans le prochain album on va passer à autre chose car mes goûts et mes influences évoluent aussi. On a déjà sept nouveaux morceaux prêts qui n'ont rien à voir avec le précédent album.

-    On a pu te voir à tous les âges dans une très belle publicité pour les dessous “Petit Bateau”. Pour quelles raisons avoir accepté : tu ne portes que cette marque ? Tu as eu en cadeau des milliers de culottes ? Besoin d'argent pour t'acheter des dessous chics ? Faire un bon coup de promo pour la sortie de l'album ?

Ils ne font pas que des petites culottes ! Ils font de tout ! J'ai accepté car c'était un super beau projet et que ça m'a motivée.J'aurais pas fait de la synchro pour une pub de bagnole ou un truc du genre. J'étais un peu réticente au début mais quand on m'a expliqué le truc j'ai trouvé ça très chouette, joli ! Et c'est une marque que je trouve assez neutre, pure, je ne me suis pas vendue en le faisant et ça me servait plus que ça ne me désservait. J'aurais été trop conne de refuser un truc pareil ! J'aurais refusé de danser en culotte dans une chambre sur ma chanson ! Là c'est un petit bout de vie original. 

INTERVIEW du prêtre GUY GILBERT par Marc Bihan


Après un numéro de kamikaze spécial blasphème, je me suis dit qu'il serait intéressant de donner la parole à un homme d'église, histoire de prouver que nous sommes ouvert et que la rédaction ne passe pas son temps à bouffer du curé ! Le célèbre prêtre des loubards, Guy Gilbert, passait dans ma ville pour y célébrer une messe, c'était une occasion rêvé de rencontrer un homme d'église dont le discourt n'est pas un robinet à conneries. Rendez-vous est pris dans un presbytère, une heure avant son entrée en scène pour une messe ou nous sommes invité mais que nous déclinerons gentiment !


Pouvez-vous nous retracer votre parcourt, nous dire d'où vous vient cette vocation ?

Je suis entré au séminaire à l'age de treize ans, j'avais déjà décider d'être prêtre, et je viens d'une famille de quinze enfants, très aimante. C'est Dieu qui m'a appelé, pourtant c'était pas gagné j'avais un curé grognon qui n'était pas gentil. Quand j'ai annoncé mon envie à mon père, il m'a dit : tu vas voir, ça te prend comme une envie de pisser, mais ça va te passer. Il m'a emmené dans trois écoles différentes, l'une j'étais trop vieux, l'autre j'étais trop chiant et la dernière il fallait payer, moi qui détestait les études j'en ai fais quinze ans ! Quand je suis entré au petit séminaire c'était pas évident, on avait le droit de parler que deux heures par jour, on devait se farcir deux messes le matin etc... Donc tu vois, moi mon adolescence c'est arrêté très jeune. C'est pas un manque mais une impression de non-vécue cette période. Bon, j'ai pas eu de révélation, j'ai pas vu la Vierge ni le Saint-Esprit, mais j'ai cru au message de Dieu. J'ai fait de la théologie, j'ai un bac + 7, alors j'étais gorgé de Dieu, d'études et de tout ça.

Ce qui vous a amené à ouvrir un lieu d'accueil, « la bergerie du faucon », pour venir en aide aux jeunes délinquants ?

Venir en aide aux autres oui, mais accompagné de Dieu, sinon tout seul je me serais suicidé depuis longtemps, car t'imagines bien mon pote que quarante cinq ans avec les lascars,  la racaille chers à Sarkozy, ce serait pas possible. Là on vient de vivres deux mois très durs à la ferme avec les jeunes.

Pourquoi avoir voulu devenir éducateur de rue et vous occuper de cette jeunesse en perdition ?

Au début j'étais formé pour m'occuper des vieilles taupes, enterrer les cadavres et tout ça, pendant quinze ans. Je fais la guerre d'Algérie, alors que je ne voulais pas la faire, je ne me voyais pas tuer des arabes qui ne m'ont rien fait. J'ai refusé d'appliquer la torture et on m'as mis dans un commando disciplinaire terrible, et là j'ai eu la confrontation pour la première fois de ma vie entre l'évangile et le mal. Moi qui ai vécu dans la culture de l'amour à la maison je venais de découvrir la haine, j'ai découvert des petits français se comportant comme des petits nazis, tuant des arabes par plaisir, j'ai vu ça ! Ça a été un choc terrible pour moi. J'ai fais mes trois ans, mais je t'assure qu'on a achevé personne pendant que j'étais là. Il y avait un communiste et un protestant avec moi, et je découvrais qu'il y avait d'autres gens qui n'était pas catho mais qui avait le même sens des autres, je découvrais les droits de l'homme. Alors au lieu de rentrer je suis resté en Algérie, car il y avait une véritable combat à y mener, et je tombe en pleine guerre civile, il y avait des bombes, ça chiait dur. Je me retrouve dans une église avec trois autres prêtres, mais les vingt mille chrétiens s'étaient barré, c'était au moment ou tout le monde foutait le camp. J'y suis resté cinq années noyé dans le monde musulman, c'était passionnant, j'y ai appris la langue. Je découvrais aussi une autre religion, car je pensais avoir seul la vérité et que les autres aillent se faire foutre, et j'ai découvert des valeurs de l'islam que j'ai beaucoup aimé, et ça m'a beaucoup servie pour quand je suis arrivé à Paris. Mon truc d'éducateur c'est que mon église devient mosquée, j'avais rencontré à mon retour un gosse de treize ans complètement perdu, à la rue, il bouffait dans la gamelle d'un chien, l'horreur totale, je l'ai amené au presbytère et il m'a envoyé ses copains, et je suis devenu éducateur de rue sans le savoir. Avec cinq prêtres à moto on cherchait les jeunes perdus dans Pigalle, jusqu'à pas d'heure. On les trouvait à picoler dans les bars, ils se bastonnaient pas mal. Donc rencontre avec la violence dans la rue, j'y ai perdu toute mes dents ( il ouvre la bouche et fait sortir son dentier), c'était une aventure de dix ans fabuleuse, j'allais les rechercher en prison, et très vite ils m'ont dit on en a marre, achète une ruine, et à trente six ans j'achetais une ruine en Provence et je leur ai dit, maintenant c'est vous qui allez la bâtir ! Vous êtes capables d'un grand courage pour attaquer une vieille à trois, lui piquer son sac à main et lui casser une patte alors vous êtes  peut être capable de construire. Et c'est comme ça que 250 jeunes du quartier ont rebâtit une ruine, c'est extraordinaire. C'est aussi là que j'ai vu que ces jeunes aimait les bêtes profondément, alors depuis j'ai comme un zoo où vivent une trentaine d'espèces différentes. Tu vois dernièrement un gamin de treize balais, Youssef, arrive et voit ma tronche, il venait d'être viré de cinq centres, il voit que j'avais des kangourous, il me demande si il peut aller les voir, et depuis un mois il ne les quitte plus !

Il y a t-il une différence entre la jeunesse délinquante d'aujourd'hui et celle d'y il y a  30 ans ? Est-elle plus violente ?

Ouai, avant c'était les blousons noirs, ils étaient insulté, sale négro, sale bicot, et j'en passe, il n'y a jamais eu d'insultes contre moi, j'étais en clergé-man. Je ne comprenais pas cette violence, ils me disent prends le blouson noir sort et tu vas voir. Ce que j'ai fait, ça n'a pas loupé, un flic me dit enfoiré, moi je le traite d'enculer, œil pour œil dent pour dents, j'aime bien les flics ils sont au centre de la souffrance humaine, mais qu'ils insultent par rapport à un look ou une tronche je n'acceptes pas. Depuis j'ai gardé ce blouson. Mais aujourd'hui les jeunes délinquants se fondent dans la masse, avec leur capuche et leur truc, ils détestent les flics ça n'a pas changé, mais il y avait une noblesse avant, ce qui a changé c'est que maintenant ils les haïssent, c'est beaucoup plus violent. Tu sais quand tu écoutes le rap : j'encule Sarkozy, j'encule les flics, je baise la justice, je ne pense pas que ce soit intelligent. Car les gamins prennent ça au premier degré, même les petits bourgeois bandent de joie en écoutant ça alors que jamais il n'ont été serré par les flics dans leur quartier chic ( ndlr : ça pourrait faire des paroles de rap ça !) Il y a beaucoup de facteurs, comme le divorce, la scission entre riches et pauvres s'agrandit, les marchés parallèles. L'autre jour je propose un stage à un môme de seize ans pour cinq cent euros par mois, il m'a envoyé chier, il me dit je gagne six mille euros net d'impôt par mois, pourquoi j'irais m'emmerder chez toi ! Après ça rappe l'avenir ces mecs là !

Qui sont les grands responsables de cet  échec ?

Il y a toujours la drogue, l'alcool. Et aussi le fossé entre les générations, l'autre jour je discutait avec un père Algérien, il voyait que son enfant lui filait entre les doigts. Avant il y avait des valeurs, tu ne fumais pas devant ton père, tu ne rentrais pas trop tard le soir... Maintenant c'est va te faire foutre, je rentre quand je veux ! La troisième génération du monde arabe est paumé, ils vont au bled tous les ans mais s'y font chier, si il regarde la soeur de son copain d'un peu trop près il se retrouve avec les dents sur le trottoir. Alors qu'ici si il veut plotter une fille il le fait et baise comme un castor, point final ! Il n'y a pas longtemps je chope un petit rebeu qui taquinait une fille et lui foutait la main dans la culotte, je lui dit espèce de petit PD, tu vois ce que tu fais, tu ferais la même chose à Alger tu meurs sur place mon pote ! C'est ça le respect de la femme ? Après on a discuté et on a bu un verre ensemble, mais tu vois la différence culturel énorme. Il y a une désespérance énorme de nos jeunes, ils veulent faire l'amour, c'est normal, ça frétille dans la culotte, et paf ! Obligé de prendre la capote. Quand à l'école on leur propose quoi à la sortie ? Ils sont dans le désespérance. D'où cette nouvelle mode où ils se retrouvent à des milliers pour boire en pleine ville des apéros géants, pour se défoncer le plus vite possible, ils vivent un stresse personnel et veulent le partager pour ne pas être seul.

Avec votre look à la Léo Ferré, êtes-vous un prêtre anarchiste ? Et si oui l'anarchie n'est-elle pas incompatible avec l'idée que dieu existe ?

Tout ce que tu veux, c'est vrai que les gens me disent souvent dans la rue que j'ai la tronche de Léo Ferré ! J'ai aussi sans langage cru, sauf que ni dieu ni maître c'est un peu différent pour moi... Je ne suis pas anarchiste dans l'église, j'ai la gueule de la marginalité, j'aime l'église pour son mystère mais pas pour les saloperies qu'elle trimbale. Il est certain qu'en ce moment la vase de l'église est sacrément remué, et tant mieux que les médias aient soulevé le truc, tu te rend compte, un prêtre qui fait des saloperie immonde, il passe au tribunal ecclésiastique, on le déplaçait et il recommençait, c'était terrible. Maintenant tout est mis sur table, un curé doit être jugé comme un autre quand il fait un délit majeur. Bon, c'est Benoit XVI qui doit assumer alors il prend tout sur la gueule le pauvre !

Vous avez rencontré le Pape lors d'une visite officielle de Sarkozy au Vatican, il y avait aussi Bigard qui était du voyage. Vous faites partis de la bande de pote à Sarko ?

J'ai pas le culte de l'amour, et je mets l'amitié au dessus de l'amour, j'ai rencontré Sarkozy il y a douze ans par pur hasard à Neuilly, et une amitié énorme est né. J'ai cultivé cette amitié sans en attendre des intérêts, il m'a juste débloqué des dossiers d'émigrés qui étaient catastrophique mais c'est tout. Et il m'a téléphoné pour savoir si je voulais voir mon patron ! Alors il a préféré me choisir plutôt que les autres drag queens en rouge et en violet, les évêques. Il a préféré moi et Bigard, ça c'est du Sarkozy tout craché ! C'est a cette occasion que la secrétaire de Sarko a vu mon blouson tout pourrit, elle en a parlé à son boss et une semaine plus tard je recevais ce perfecto ! Alors si tu vois dans tes impôts « le blouson du Père Guy Gilbert » je te rembourserais ! (rires)

C'est pas une façon à Sarkozy de vous achetez ?

Non, je suis profondément socialisant dans l'idéal, la droite c'est chacun pour son cul et sa gueule, et la gauche c'est les pauvres, à conditions qu'ils le vivent. J'ai gagné beaucoup d'argent avec les droits d'auteurs de mes bouquins, ça m'a permis de donner dix salaires par mois pendant depuis trente deux ans. Moi j'ai pas une thune, mais je suis ravi de mettre cet argent en commun, calcul, ça fait de l'oseille sur trente deux ans ! Mon unique revenu est de mille deux cent euros de retraite par mois, je recevais un salaire d'éducateur par l'état, et je m'en contente largement, j'ai une piaule sur Paris de 20 mètres carré et ça me suffit. C'est tellement beau de partager ce que tu possèdes avec les autres, c'est le bonheur de la vie.

Que pensez-vous de ses déclarations sur la délinquance qui serait d'après lui génétique et qu'on pouvait la déceler dès l'age de 3 ans ?

C'est d'une connerie, mais immense ! C'est comme le cardinal Bartolone qui dit que le pédophile est homosexuel, il a du fumer cinq pétards le mec ! C'est pas possible de dire des conneries pareil !

En matière de prévention de la délinquance, lui et son gouvernement appliquent-ils les bonnes méthodes ?

Il a appelé les jeunes la racaille, ça c'est pas grave, entre eux ils s'appelle déjà la caillera, mais
qu'ils veuille les nettoyer au karcher, ça c'est pas bon du tout. Le karcher c'est fait pour ramasser la merde, et ces jeunes c'est pas de la merde. Il faut juste de la prévention et leur donner un boulot. Supprimer les flics de proximité, là aussi c'est une grosse connerie. Aujourd'hui quand les flics débarquent dans mon quartier c'est pris comme une agression. 

Acceptez-vous le fait qu'on supprime les allocations familial à des parents dont l'enfant ne se rend pas à l'école ?

Si il y a une prévention massive ça sera bon, prévenir les parents plusieurs fois, il faut que ce soit en dernier ressort, car c'est les plus pauvres que ça atteint. Il faut vraiment que ce soit une ultime solution, si on voit que les parents s'en foute complètement. Je vois les gosses dont je m'occupe, il sont analphabète à 14 ans et ont arrêté l'école à 9 ans !

Ce n'est pas trop déstabilisant de s'occuper des jeunes délinquants à la rue et en même temps célébrer le mariage des riches de ce monde comme vous l'avez fait pour le Prince Laurent de Belgique ou pour la star Jamel Debouze ?

J'ai aucun racisme de classe, c'est une aventure comme celle de rencontrer Sarkozy. Le Prince a eu des problèmes il y a une quinzaine d'années, je lui ai dits t'es né avec une cuillère en or dans la bouche, viens à la ferme t'occuper des sangliers et discuter avec les gamins, et il est venu. Après quand il a été amoureux il m'a demandé de le marier. Du coup j'ai bouffé avec le Roi au mariage et je peux te dire qu'il a du bon pinard ! Jamel je ne savais pas du tout qui c'était, à part ce que j'ai vu à la télé, c'est lui qui m'a contacté. Je ne suis pas un « people », je suis entrée dans ce monde par accident, j'ai pas détesté ces moments, mais moi ce qui compte pour moi dans la vie c'est les plus pauvres. Prendre des mômes cassés, perdu, et les voir s'épanouir de mois en mois grâce aux animaux de la ferme, c'est ma seule joie.

Quel est votre regard sur le passé de Benoit XVI ? Sur son embrigadement dans les jeunesse hitlérienne ?

C'est dégueulasse de faire un procès en le traitant de Pape Boche, il a été embarqué là-dedans il était tout petit, il s'est d'ailleurs enfui de la caserne et n'est pas rentré. Il a été embrigadé, il était trop jeune pour dire non. Il a bien exprimé aux juifs sa honte de l'Allemagne à cette époque. Regarde, on a eu Jean-Paul II polonais écrasé par les Allemands, maintenant Benoit XVI c'est extraordinaire   l'histoire de l'église !

Pourtant il a réhabilité les intégristes

Tu sais, dans une famille aussi immense, plus d'un milliard de gens, il a voulu réunir sa famille. Par contre cet enfoiré d'évêque Williamson, c'est pas un chrétien ce mec, qui nie que quatre millions de personnes ont grillés dans les chambres à gaz. Là c'est un manque de communication au Vatican, car quand il a fait ses déclarations c'était un mois avant que le Pape décide de réunir tout le monde et il ne connaissait pas ces propos.

Avec toute les affaires qui éclates sur la pédophilie dans le milieu de la religion, vous ne pensez-pas que l'image de l'église est souillé pour un bon moment ?

Ça c'est certain, les médias ont bien fait de tout mettre carte sur table, mais il ne faut pas trop en rajouter. L'autre jour j'arrive à l'aéroport de Bordeaux, où je devais faire une conférence, et une bonne femme me dit vous avez l'air fatigué, je lui explique que oui, je reviens d'un rendez-vous ou nous étions deux cent prêtres, elle me répond « Ha oui ! 200 pédophiles ! ».
Je lui répond que je connais des hôtesses de l'air qui sont des putes, alors les hôtesses de l'air sont donc toutes des putes ! Çà pisse pas loin, mais c'est certain que ça entache la religion.

La solution ne serait-elle pas d'accorder le mariage aux prêtres ?

Non, le mariage n'arrêtera pas un pédophile, 75 % des actes pédophiles sont commis à l'intérieur de la famille, par des gens mariés ! 4% des prêtres sont pédophile en France, 5% d'instituteurs et autres sont mariés également, ça m'emmerde de donner des statistique mais c'est comme ça la réalité. J'en reçois à la ferme des gamins brisés par ce genre d'histoire et ils n'auront pas assez d'une vie pour se reconstruire tellement ça les a détruit.

Avez-vous vu l'émission « les infiltrés » sur les catholiques intégristes de Bordeaux ?

Non j'ai pas vu

Trouvez vous normal que dans une école catholique des enfants chantes des chants nazis en classe et qu'un professeur révisionniste fasse passer Pétain pour un résistant ?

C'est à se taper le cul au plafond. C'est pour ça que le Pape va faire fermer leur gueule à ses gens là, avant leur église était séparé de la nôtre, il se permettait ce qu'il voulait, mais il ne pourront plus le faire maintenant. Leur antisémitisme de merde ils se la foutrons ou je pense car l'église ne laissera pas passer, l'église sortira les crocs.

Notre entretien doit prendre fin, un curé vient le chercher pour qu'il vienne mangé un bout avant la messe, plus de cent cinquante personnes patientent devant l'église...


RACHID TAHA par Morbak et Denis Leroux

Dans une heure Rachid Taha monte sur scène avec Mick Jones, ex-Clash, pour un concert résolument rock. En attendant ce pur moment de bonheur, le dandy destroy, qui est pour nous ce que Shane Mc Gowan est aux Irlandais, a accepté de nous recevoir quelques minutes pour lui poser des questions improvisées entre deux bières !
   
Comment s'est passée la rencontre avec Gaëtan Roussel qui a collaboré à ton dernier album ?

Comme pour tous les bretons, dans un bar autour d'une bière ! J'avais un nouveau projet et je cherchais un nutritionniste, comme on dit qu'en France on fait la meilleure bouffe du monde et bien j'ai cherché un bon cuisinier français, et c'était Gaëtan Roussel ! Je ne te cache pas qu'il y avait d'autres artistes français qui ont voulu faire ça avec moi, mais c'était pas ça, j'ai préféré Gaëtan. On a fait ce disque entre Paris et New-York.

Ce soir tu es sur scène avec un musicien des Clash, entre Mick Jones et toi, qui est fan de qui ?

C'est lui évidemment ! (rires)

Qu'a-t-il pensé de ta version de Rock in the Casbah ?

Il a adoré bien sûr, sinon il ne serait pas là. Il a d'ailleurs trouvé cette version meilleure que la leur !

Pourquoi avoir eu envie de jouer avec lui ?

J'étais invité à un concert de Patti Smith, à Londres, pour jouer avec elle et ce soir là il y avait plein de gens dont Mick Jones. Il est venu chanter avec nous sur scène ma version de Rock in the Casbah et voilà comment la rencontre s'est faite. En plus j'avais reçu le prix de la BBC pour l'album world de l'année, et c'était madame Joe Strummer qui me l'avais remis, que des belles rencontres.

Après Brian Eno, Robert Palmer, Damon Albarn et Mick Jones, quel sera le prochain artiste qui partagera un duo en ta compagnie, Michel Sardou ?

Non Sardou il ne faut pas déconner non plus, tu fais de la provocation là, avec ta bière à la main, espèce de salopard ! (rires)

Regrettes-tu la vidéo de toi qui tourne sur internet où tu es complètement bourré sur scène ?

Je ne regrette absolument rien, c'était à Helsinki j'étais juste un peu bourré, pas plus que ça, c'est ridicule ! J'ai remarqué les critiques, quand il s'agit d'un américain comme Iggy Pop qui est défoncé on crie au génie et quand c'est un arabe, c'est un indigène ! Donc tu sais j'en ai rien à foutre finalement. La première fois que j'ai chanté à Montréal des gens me demandait du Raï, je leur ai montré la raie de mon cul !

C'est la troisième fois que tu reviens au festival Art Rock de St-Brieuc, tu y apprécies quoi ?

L'ambiance déjà, on boit de la bière loin des burqas, et tu vois l'endroit où l'on se trouve ? (ndlr : l'interview se déroule dans une belle chapelle aux vitraux magnifiques transformée en bar VIP !)
Ça me rappelle les années 80' à New-York, il y avait un club comme ça.

Après 30 ans de carrière, qu'as-tu vu évoluer ?

Pas la France en tout cas ! (rire) Non, je pense qu'on était en avance sur notre époque. L'autre fois y a  Rachid Bouchareb (réalisateur du controversé  Hors la Loi) qui me téléphone du festival de Cannes et qui me dit « T'as vu Rachid, la France n'a toujours pas réussi à digérer son histoire avec l'Algérie, elle lui reste toujours en travers de la gorge... » et c'est vrai. On ne parle pas de moi de la même manière qu'un chanteur franco-français qui fait aussi du rock, moi on me considère toujours comme l'arabe du coin.

Il y a quelques années Fred Chichin disait de toi que tu étais un des très rares artistes à avoir encore cette liberté en France face aux producteurs et au reste, que n'ont plus ceux qui chantent aujourd'hui...

Je suis totalement libre jusqu'à une certaine limite, car maintenant avec internet je fais partie des artistes fragiles en terme de ventes de disques. Heureusement je tourne partout dans le monde, Canada, Australie, là j'ai vingt dates aux États-Unis, mais c'est vrai que pour ceux qui ne font pas autant de concerts c'est un problème. Ma liberté c'est de pouvoir chanter, et en arabe. ( Mick Jones arrive et s'installe sur le canapé avec Rachid) Bon moi j'ai fini mon boulot, pose-lui une question maintenant ! (rires)

Est-il possible de reformer les Clash sans Joe Strummer ?

Rachid : Ça va pas non !
Mick : Il y a déjà la moitié des Clash, Paul Simonon et moi,  dans Gorillaz, avec qui je joue ce soir ! On avait demandé à Rachid de prendre la place de Joe Strummer mais il n’a pas voulu ! (rires) 



DIDIER WAMPAS par Flavien Moreau

Plein les oreilles  des artistes formatés, des fabriques à « chanteurs » de la télé-réalité, des pseudo-stars à l'esprit tourmenté et des vedettes de supérettes ? Avec lui vous ne risquez rien. Il est à des années-lumière de ce monde préfabriqué, seul faire du rock l'intéresse.  Le reste ? Il  vous le dira lui même : il s'en branle complètement ! Nous l'avons rencontré lors de répétitions dans un studio parisien. Après cet entretien, pour nous il n'y a plus de doute, Didier Wampas est bien le roi ! 



Vous êtes en studio, c'est pour un nouvel album ou pour les dates à venir ?

C'est pour faire des maquettes, pour un futur album, il faut bien bosser un peu de temps en temps. On fait de nouvelles chansons.

Votre histoire d'amour avec Universal aura été de courte durée, comment s'est passé la rupture ?

Très facilement, d'ailleurs je ne comprends pas Noir Désir, c'est très facile de se faire virer d’ Universal ! S’ils ont un problème qu'ils me contactent, je leur expliquerai comment faire. Les pauvres, ils se plaignent tout le temps à Universal ils sont méchants, mais y'a rien de plus facile que de se faire virer !

Ta chanson « Universal » c'était pour prendre les devants car tu en connaissais l'issue ?

Non, c'était du premier degré, ils nous ont jamais cassé les couilles, ils ne sont jamais venu en studio, pour ça on est très content. On a fait ce qu'on voulait. Par contre quand on est revenus avec le disque ils nous ont dit que c'était trop rock, que ça ne passerait jamais à la radio. Il nous ont proposé de faire un duo avec Cali, ça m'a gavé. On est retourné au studio et j'ai ré-écrit la chanson en un quart d'heure, en leur disant vous me cassez les couilles et voilà... J'allais pas faire un duo avec Cali, j'ai rien contre Cali, mais bon... Bref, on n’était pas assez commercial pour eux.

Comment expliques-tu la chute vertigineuse des ventes de votre dernier album, alors que les deux précédents ont cartonné ?

En France t'es obligé de passer à la radio pour vendre. On savait que l'album n'était pas calibré pour, donc qu'on n'y passerait pas. Mais on s'en foutait complètement, tu sais c'est une chance de pouvoir s'en foutre, il faut pouvoir se le permettre, la plupart des groupes ne peuvent pas se le permettre. Tu ne passes pas à la radio tu vends moins, tu tournes moins, t'as moins d'argent... Moi je connais plein de groupes pour qui c'est important. C'est vraiment un luxe de s'en taper, parce que je bosse à côté et que j'en ai rien à branler de leurs conneries, mais c'est pas si facile que ça de pouvoir s'en passer. J'ai juste fait le disque que j'avais envie de faire, c'est un choix.

Quand on a un groupe réputé comme les Wampas ça ne doit pas être très dur de retrouver une maison de disque ?

Oui et non, je m'en fous complètement. Les gens ont du mal a comprendre ça, que je m'en foute à ce point, mais c'est vrai. Comme quand j'ai commencé, je n'ai jamais cherché de maison de disque, je m'en suis toujours foutu complètement ! Je n'ai jamais fait aucune démarche. Tu vois lui il vient me voir pour faire un clip (il me montre un gars qui écoute gentiment notre discussion), je lui ai dit vas-y fais ton clip, on s'en branle complètement, j'en ai rien à foutre de rien. Si artistiquement c'est bien, tant mieux. Où ça passera ? Je m'en fous complètement. Trouver une maison de disque je m'en fous, on fait des maquettes ici, et qu'il y ait une maison de disque ou non, on s'en tape. J'ai l'impression que je dis je m'en fous à tout, mais c'est vrai ! C'était tellement mon rêve quand j'étais gamin de faire un groupe, maintenant je fais des chansons, je fais de la guitare, je fais des concerts, le reste je m'en branle complètement. Ça donne une force de pouvoir s'en foutre.

Il paraît que quand tu entres en studio tu n'as aucun texte, que tu improvises tout au dernier moment, tu confirmes ?

Souvent ouai, c'est pareil je m'en fous ! (rire) Je suis tellement content de faire un groupe que le reste me passe au dessus de la tête

Les Wampas est-il un groupe ingérable car rock'n'roll ?

Pour une maison de disque comme Universal, oui, sinon on n’est pas ingérable, on a un tourneur, on fait des concerts, on n'est pas chiant. On est sûrement moins chiants que la plupart des groupes.

Finalement vous êtes le dernier des groupes totalement libre ?

J'en sais rien, j'espère qu'il y en a d'autres. Comme je dis toujours, le grand avantage du capitalisme sur les autres systèmes c'est que t'es pas obligé de vouloir gagner de l'argent, tu vois ce que je veux dire ? Les autres systèmes, les pays totalitaires t'obligent à penser et à agir comme le système. Dans le système capitaliste si tu veux pas gagner d'argent, personne t'emmerde. Si tu veux pas vendre de disques, si tu veux pas passer à la radio, tu as le droit, personne ne va te forcer. T'imagines quand tu es comme ça,  la force que tu as face à Universal ou TF1 ? T'en a rien à branler, c'est génial.
Dès que t'essaies, comme la plupart des groupes, d'arrêter de bosser, te mettre à fond dans la musique, ne plus faire que ça, c'est foutu. T'es complètement dépendant du programmateur radio, c'est terminé, t'as mis le doigt dans le système et t'as les mains liées, t'as besoin d'eux pour bouffer. T'es obligé d'avoir tes congés-spectacles, tes intermitences, t'es plus libre, c'est fini. 

Quel est l'album des Wampas dont tu es le plus fier ?

Je ne sais pas... Aucun. J'ai l'impression de n'être qu'au début d'un truc, que tout reste à faire.

Lors de festivals tu aimes bien t'amuser, comme par exemples lancer des pétards sur scène quand d'autres groupes jouent ! J'imagine qu'ils n'ont pas tous ta dérision, certains le prennent mal ?

J'ai arrêté les pétards, j'allais pas faire ça vingt ans, c'était juste pour faire chier les groupes. Dans les festivals ils se prennent tellement au sérieux et je ne veux tellement pas rentrer là-dedans, que je préfère faire le con. Le pire c'était aux Victoires de la musique, c'était tellement pas drôle, que j'ai faillis péter un cable. Mais le milieu du rock c'est pas le pire, je te parle pas du théatre ou du cinéma, c'est encore dix fois pire.

Que préfères-tu le plus dans une tournée ? Retrouver le public, être avec le groupe, faire le con partout ou tu passes ?

La base du truc c'est d'être sur scène, c'est un moment de liberté totale.

Tu as toujours des fringues incroyables sur scène, comme sur tes pochettes ou dans tes clips, ou les déniches-tu ? Tu as des adresses ?

Chez Pimky et Jennifer (rires)... C'est vrai en plus !!

Tu es très ouvert, tu irais chanter à la Star-Academy ? Quelle genre d'émission refuserais-tu de faire ?
 
Au début je dirais non, mais après réflexion pourquoi pas. Je me souviens quand j'étais gosse de voir Coluche et Gainsbourg faire toutes les émissions à la con, de Guy Lux et d'autres merdes. L'autre soir j'ai vu une vieille émission de Collaro où Coluche chantait Banana Split, quand t'es môme t'es content de voir ça, alors tu te poses la question : y aller ou pas. J'ai déjà refusé quelques talk-shows comme Ardisson et je regrette. A partir du moment ou tu t'en fous de tout, il faut tout faire. Là je viens de faire Ruquier, maintenant je fais Kamikaze, c'est pas pour ma promo j'en ai rien à branler, mais à partir du moment où c'est un bon état d'esprit…

Aimerais-tu rejoindre la bande des Restos du Coeur, ou penses-tu que ça sent trop le plan promo de certains de ces artistes sur le dos des pauvres ?

C'est pareil, si t'y vas pas pour faire ta promo c'est bien. Quand t'es sincère tu peux tout faire.

Par contre tu as enregistré une chanson avec un collectif : Christophe Aleveque, Didier Super, La Chanson du Dimanche et Les Rois de Suède. Peux-tu nous parler de ce titre « Les chanteurs qui dérangent » ?

(gêné) C'est pas ce dont je suis le plus fier, elle est un peu pourrie la chanson quand même ! (rire)
C'est pourri mais j'ai pas envie de me refuser à faire des trucs, j'y vais. Tu rencontres des gens, c'est toujours intéressant.

On n’est pas Voici mais on aime bien les potins du show-biz. Tu as des révélations à nous faire ? Des comptes à régler ? Des histoires de cul à raconter ?

Non j'ai pas envie de dire du mal...De qui je pourrais dire du mal ?.....De Nicolas Sirkis qui promet de nous prendre au Stade de France depuis deux ans et qui ne le fait pas ? Non....

Que penses-tu du téléchargement illégal sur internet ? Tu poursuivrais en justice des gens qui piratent tes albums sur la toile ?

En tant qu'artiste j'en ai rien a foutre, de toute façon tu gagnes 20 centimes par album vendu, alors qu'est ce que ça peut foutre. Mais en tant que citoyen je ne trouve pas ça normal, moi aussi je le fais, mais c'est pas normal de cliquer et prendre tout gratos. Il faudrait une licence globale. C'est pas normal que tu paies 30 euros d'abonnement à Free, sachant que c'est pour pouvoir télécharger, et qu’eux se fassent des milliards sur le dos des artistes ! On ne peut pas revenir en arrière, il faudrait trouver un nouveau modèle économique.

Didier Wampas est-il un artiste engagé ? Tu adhères à un syndicat à la RATP ?

Non, j'ai pas le temps. J'ai des gosses, je fais de la musique, mais engagé oui, je vote ! Mais je ne dis pas pour qui.


Dans le dernier album tu nous fais partager ta détestation pour la Suisse dans « I hate Switzerland ». D'où vient cette haine ? C'est le fait qu'ils aient séquestré Polanski ou parce qu’ils ont  refusé de t'ouvrir en compte en banque ?

J'ai rien contre la Suisse, c'est uniquement de la méchanceté gratuite ! Par contre eux, l'ont très mal pris, on n’a pas fait une seule date en Suisse. Tu me diras si un artiste étranger chantait « Je déteste la France », il est certain que ça passerait mal aussi chez nous ! (rire) Maintenant on est grillés en Suisse, comme dans d'autres pays. Je te jure j'adore me griller, faire une chanson en sachant qu'elle ne va pas plaire. J'aime faire chier le monde, le politiquement correct comme Noir Désir ça m'énerve.

Vous n'êtes pas nombreux dans ce métier à avoir ce détachement et cette folie. Tout ça pour dire que j'imaginerais bien un duo Didier Wampas avec Philippe Katerine ou Brigitte Fontaine, ça te tenterait ?

Je ne sais pas...c'est pareil, je m'en fous...si on me le proposait pourquoi pas. Je préfère chanter avec Régine, c'est plus décalé qu'avec Fontaine.  

Pour qui aimerais-tu écrire des chansons ?

Personne, j'ai pas envie d'écrire pour des gens.

Les Wampas sont avant tout un groupe à voir sur scène, où trouves-tu toute cette énergie ? Sachant que tu ne fumes pas ni ne picoles pas !

Ben justement !

Deux entretiens inédits avec Georges Moustaki, le premier en compagnie de Bérengère Lou et le second avec Marc Bihan

Révélé au grand public en 1969, par sa chanson "le Métèque", Georges Moustaki à 34 ans à l’époque et est de toute évidence bien plus qu'un interprète. Venu à Paris, en 1951, il exerce la profession de journaliste, puis de barman dans un piano-bar, ce qui l'amène à fréquenter des personnalités du monde musical de l'époque.
Il entend ainsi Georges Brassens se produire un soir, c'est pour lui une révélation. Il n'aura de cesse, par la suite, de faire référence à son maître, allant jusqu'à adopter son prénom en son hommage, son vrai nom étant Giuseppe Mustacchi. En 1958, il rencontre Édith Piaf, pour qui il écrira une de ses chansons les plus connues, Milord.
Depuis, l’artiste engagé a parcouru le monde pour se produire mais surtout pour trouver de nouvelles inspirations.
Son métier d'auteur-compositeur lui permit de rencontrer les plus grands de la chanson française et d’en devenir un ...
Rencontre exclusive avec un homme qui descend du songe.

B.L : Georges Moustaki bonjour, comment allez-vous ?

G.M : Comme toujours, je vais bien parce que je vis, je fais des choses qu’il me plaît de faire et mal parce que j’ai une insuffisance respiratoire qui me limite. Ceci dit, j’imagine qu’il y a un sens à cette pathologie. Je cherche d’où elle vient, ce que j’ai fait pour en arriver là et je fais des découvertes sur moi-même.

B.L: Qu’avez-vous découvert ?

G.M : J’ai découvert que je m’étais beaucoup éparpillé, que j’avais gaspillé beaucoup d’énergie.

B.L : Qu’est-ce que vous ne pouvez plus faire aujourd’hui qui, hier, était possible ?

G.M : Marcher le nez au vent, être autonome, avoir plus d’énergie. Je rêve d’enlever l’oxygène que j’ai dans le nez. Je voudrais encore marcher là où les chemins me mènent. Je ne vis pas le passé, je ne vis pas l’avenir, je vis le présent et c’est déjà bien incertain.

B.L : Aujourd’hui encore ?

G.M : Plus que jamais.

B.L: Qu’est ce qui a changé dans votre vie et dans votre état d’esprit avant et après la maladie ?

G.M : C’est la deuxième fois de ma vie que je suis malade. Je sais qu’il y a une possibilité de guérison  mais cela peut être long. Puis, selon son âge, « moins on se donne, moins on a l’impression d’avoir du temps », c’est cela qui a changé. Quand j’ai eu une maladie pénible, j’avais une quarantaine d’année, quarante-cinq exactement, je me disais : « Je vais me poser six mois et je repars. » Cette fois-ci, cela prend plus de temps et j’en ai moins à vivre !

B.L : On vit plus longtemps aujourd’hui.

G.M : Oui mais les dernières années m’intéressent moins que les premières parce qu’on a moins de curiosité, on a moins de choses impérieuses. Un coup de téléphone me faisait partir au bout du monde si on savait me tenter. Aujourd’hui, il m’en faut beaucoup plus.

B.L : Quelle est la différence selon vous ?

G.M : L’âge. Il représente tout ce qu’on a vécu. Il me semble que Victor Hugo disait : « Quand on est âgé, on a tous les âges. » Dans ma mémoire, dans mon cursus, j’ai l’adolescence, l’enfance, l’âge adulte et tous les voyages que j’ai faits. C’est ma richesse de soixante-seize ans. 

B.L: Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous fait encore vibrer ?
Il prend son café marque une pause et dit :

G.M : Prendre un café avec une jolie femme.

B.L : Cela vous fait encore vibrer ?

G.M : Toujours.

B.L : Si je vous demande de penser à ce qui, aujourd’hui, vous agace, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

G.M : Beaucoup de choses, presque tout ! Ce que l’on voit à la télévision, ce que l’on voit dans les journaux, ce que l’on entend à la radio.

B.L: Qu’aimeriez-vous y changer ?

G.M : Je ne me sens pas habilité à changer quoi que ce soit.

B.L : Qu’aimeriez-vous voir, entendre, regarder ?

G.M : J’aimerais bien que les choses que j’aime soient préservées de cette pollution, celle du comportement général, c'est-à-dire la convoitise, les ambitions ou tout ce qui fait que les gens se préoccupent plus de paraître que d’être. A un certain stade de la vie, on est assez fort, assez riche, assez inconscient, assez désinvolte pour le vivre. Quand on a des limites dues à une pathologie, on n’a pas envie de perdre son temps. C’est assez positif dans le sens où cela élimine des choses qui étaient vraiment des scories.

B.L : Vous souhaitez aller à l’essentiel ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

G.M : C’est très peu de choses ; être, seconde après seconde, ce qu’on souhaiterait être.

B.L: Vous y parvenez ?

G.M : Non.

B.L : Qu’est-ce qui vous manque ?

G.M : Faire le chemin. Je fais un bout de chemin mais on n’arrive jamais au résultat précis que l’on souhaitait atteindre.

B.L : Pensez-vous être heureux aujourd’hui ?

G.M : C’est une notion qui ne m’a jamais traversé l’esprit. J’aime beaucoup les citations et un proverbe soufi dit : « De toute façon, cela ne durera qu’un instant . Quand on est malheureux, cela vous console ; quand on est heureux, cela vous décourage. » Je suis un peu dans cette humeur-là. Quand je suis heureux, je sais que c’est éphémère ; quand je suis malheureux, je ne désespère pas.

B.L: Vous voyez-vous, aujourd’hui, comme une personne malade ?

G.M : Ma maladie m’afflige, elle m’accompagne à chaque instant. J’aimerais parler plus fort.

B.L : Je vous entends très bien, je vous assure. Voulez-vous écouter votre voix ?

G.M : Non. J’ai toujours détesté écouter ma voix.

B.L: Pourquoi ?

G.M : Parce que ce n’est pas la voix que j’aimerais avoir, je rêverais d’avoir une voix comme celle de Belafonte, un modèle car il a de la force, de la douceur, du volume et de la légèreté. J’ai lu, dans un journal, que j’avais inventé le chant parlé. Pour ma voix, c’est une économie de moyen, exprimer le minimum en aspirant à l’essentiel. Il y a des gens qui chantent forts : Piaf, c’était très beau. Quand elle ‘hurlait’, c’était magnifique ! Si j’essaye, c’est horrible et ridicule.

B.L : A quinze ans, accompagné de votre mère, vous allez à un concert de la môme Piaf. Est-ce que vous imaginiez, à ce moment-là, que, quelques années plus tard, vous alliez partager sa vie ?

G.M : Non. J’avais une grande admiration pour cette chanteuse, pour certaines de ses chansons et je ne pensais pas vivre à Paris…encore moins être musicien.

B.L : Quel souvenir avez-vous de votre relation avec Edith Piaf ? Relation d’amour ? Histoire d’amour ?

G.M : Histoire d’amour avec un commencement et une fin. Des moments forts et des moments sordides, des moments de jalousie et des moments de passion, de folie.

B.L: Quand vous parlez de jalousie, vous étiez jaloux ? Vous êtes jaloux ?

G.M : Je n’étais pas très jaloux mais Edith l’était !

B.L : Elle avait raison de l’être ?

G.M : Sûrement. Elle n’avait pas de raison concrète mais elle savait que j’étais très facile à tenter. J’étais faible devant la tentation.

B.L: On est bien avec quelqu’un tant qu’on n’a pas trouvé mieux ?

G.M : Non ! On est très bien avec quelqu’un mais l’élément extérieur a toujours un charme. Peut-être futile mais efficace.

B.L : Quel genre de séducteur êtes-vous ?

G.M : J’ai l’orgueil de penser séduire sans me mettre en représentation ! Je laisse les choses venir de la femme plutôt que de la solliciter.

B.L:Ca marche ?

G.M : J’ai eu beaucoup de bonnes fortunes dans ma vie.

B.L : Grâce à votre naturel et à ce que vous dégagiez ou à votre statut ?

G.M : Ma situation professionnelle amplifiait ce que je suis. Cela raccourcissait les présentations en quelque sorte. J’ai commencé à être connu à 34 ans. Jusqu’à cet âge, je n’étais pas sevré de femmes. La célébrité ne m’a pas apporté plus de relations. Lorsque je suis devenu célèbre, le changement de statut m’a fait voir les choses différemment. Aujourd’hui, je n’ai plus assez de voix pour chanter, plus assez de souffle. Je me tourne, à présent, vers l’écriture. Une partie de moi-même a toujours eu envie d’écrire et elle se trouve favorisée…bien qu’il faille aussi de l’énergie pour écrire…peut-être moins que pour chanter ! Chanter, c’est du sport. Je ne sais pas comment j’ai fait pendant quarante ans ! Quarante ans de surmenage à cause ou grâce au plaisir que cela me procurait ! Je ne me suis pas ménagé ! J’ai voyagé, pris des avions, subi des décalages horaires, des nuits blanches, des excès de toutes sortes, dans le plaisir et la démesure. Un jour, tout cela vous rattrape et vous…. Même si j’ai arrêté de fumer il y a vingt ans, c’était vingt ans trop tard.

B.L : Entre une vie mouvementée, ses conséquences et une autre plus calme, plus sereine avec une plus grande longévité, vous choisiriez la deuxième option ?

G.M : Je déteste choisir, j’ai vécu et je vis ce que j’ai à vivre, il n’y avait pas d’alternative. C’était cela ou rien ! C’était cela ou ne pas naitre, ne pas vivre !

B.L : Qui choisit si ce n’est pas vous ?

G.M : Souvent, j’ai l’impression de choisir en toute autonomie. Les choix s’imposent car c’est là où le vent vous mène. Sartre disait : « Tout choix est mauvais. » Lorsque l’on choisit, on se prive de l’autre alternative ; il vaut mieux ne pas choisir et laisser les choses s’accomplir d’elles-mêmes.

B.L: L’artiste ‘Georges Moustaki’ employait 10 salariés, quel genre de patron étiez-vous ?

G.M : Quel genre de patron on peut être…je dirigeais, je distribuais les salaires, ce sont des gens avec lesquelles je vivais, je jouais de la musique, je déjeunais, je voyageais. C’était très amical, très chaleureux mais il n’empêche que j’étais le patron. Si je décidais quelque chose, j’avais le droit de véto, je pense que c’était bien accepté mais je n’en suis pas certain.

B.L : Vous ne les voyez plus ?

G.M : Très peu car je n’ai pas de visite en ce moment mais on communique par écrit.

B.L : Que lisez-vous en ce moment ?

G.M : Je lis un livre de Gilbert Sinoué qui parle du Moyen-Orient. C’est mon dada le Moyen-Orient. Quand j’ouvre un journal, je vais toujours à la page Moyen-Orient. J’en suis parti il y a plus de cinquante ans, presque soixante mais mon esprit est toujours là-bas. J’ai beaucoup d’amis écrivains ; je ne choisis plus mes lectures, elles m’arrivent par la poste ou en cadeaux. Jérôme Cherrier, Jérémy Vito, des inconnus et des livres dont on me demande la préface, des manuscrits…un gros travail de lecture et d’écriture.

B.L : Quelle est la chose qui vous a le plus enrichi ?

G.M : D’avoir été choisi par la musique pour en faire mon élément de vie. Je ne pensais pas faire de la musique. C’est arrivé par une succession de choses. Je pensais être dessinateur. Je regrette que SinéHebdo se casse la gueule. Maintenant que je commence à récupérer, j’aurais aimé non pas écrire mais dessiner pour eux. Siné est un très grand dessinateur car il possède toutes les qualités morales, graphiques, créatrices, philosophiques du dessinateur avec un grand D. Ecrire ou dessiner pour lui est un privilège.

B.L: Comment occupez-vous votre temps libre ?

G.M : C’est une bonne question parce que je me disais qu’il y a des tas de choses que j’ai entreposées chez moi en disant : « Quand je serai malade, je pourrai les déballer. » Mais la maladie tue l’activité à plein temps. On ne peut pas faire plusieurs choses à la fois. Pour l’instant, je me soigne. Ma récréation c’est la musique, la télévision, la lecture, le dessin.

B.L : Que disent les médecins ?

G.M : Que je pourrais m’améliorer. Mais je ne pourrai pas guérir.

B.L: Qu’en pensez-vous ?
G.M : Quand j’avais des revers de fortunes, je vendais ma grosse voiture pour acheter une mobylette. Se déplacer en mobylette étant difficile, je comprenais pourquoi j’avais une Porsche ! 

B.L: Vous avez élu domicile sur l’île Saint-Louis, à Paris. Votre voisine est Brigitte Fontaine, vous la rencontrez souvent ?

G.M : Quand je descendais, je la voyais car elle fume au restaurant qui sépare nos deux appartements, souvent sur le trottoir, attablée. Elle venait faire sa sieste chez moi aussi.

B.L : Elle ne vient plus ?

G.M : Elle ne vient plus parce qu’elle est devenue une star surbookée et parce que, désormais, le tabac nous sépare. J’ai du mal à lui imposer de rester une heure ou deux sans fumer.

B.L: Vous n’avez pas de balcon ?

G.M : J’ai une terrasse mais je ne sais pas si elle le sait.

B.L: Cachotier !

G.M : Non, je n’ai pas pensé à lui dire. Si j’invite quelqu’un, c’est pour rester avec moi, pas pour aller fumer en extérieur. En réalité, je ne supporte pas les fumeurs !

B.L: Vous ne supportez plus les fumeurs.

G.M : Je n’ai jamais beaucoup supporté.

B.L : Et pourtant vous en étiez un…

G.M : Je me supporte depuis tant d’années que j’ai de l’indulgence pour moi-même.

B.L : Vous écoutez les albums de Brigitte Fontaine ?

G.M : Pas du tout.

B.L:Ca ne va pas lui faire plaisir, vous en êtes conscient ?

G.M : Je les écoute quand elle me les envoie. J’écoute une fois et puis, de temps en temps, j’y reviens pour une chanson ou deux.

B.L : Vous n’aimez pas ce qu’elle fait ?

G.M : J’aime beaucoup et je la soutiens. Elle n’a plus besoin de moi. Quand elle était dans une voie de garage, je l’ai beaucoup soutenue. Je trouve que c’est une des grandes plumes, une grande personnalité. Elle en rajoute un peu trop à mon goût, je l’aurais aimé plus sobre mais c’est ce qui l’amuse.

B.L: Que pensez-vous de la « nouvelle chanson française » ?

G.M : Sanseverino est au-dessus du panier et j’aime beaucoup Jeanne Cherhal.

B.L : Comment arrive-t-on au-dessus du panier ?

G.M : Je sais écouter une mélodie, je sais écouter des paroles, la voix, les arrangements, la réalisation, tout cela me parle. Quand j’évoque Sanseverino, c’est toutes ces composantes qui sont réussies.

B.L: Vous avez écrit avec Vincent Delerm.

G.M : J’ai chanté pour lui et écrit avec lui. J’ai appris à le connaitre et à l’aimer. Au début, ce n’était pas gagné ! J’ai rencontré trop de géants dans ma vie pour m’intéresser aux gens qui sont en devenir. Delerm a trente-deux ans ; j’en avais trente-quatre quand j’ai commencé. C’est déjà une personnalité connue et je pense qu’il a tout un chemin à faire.

B.L: Cela veut-il dire, qu’à un moment donné, on est ‘blasé’ et que l’on espère être surpris ?

G.M : Je ne connais pas le terme ‘blasé’, ça ne me plait pas ! J’écoute toujours des émissions où il  a des chanteurs en espérant être séduit. Par exemple, lorsque Souchon est apparu, pour moi, il s’est imposé comme quelqu’un de valeur…sans poser de question, sans se demander si ce qu’il fait est bien ou non ou s’il est aimé ! Je pense qu’il a fait l’unanimité ! C’est une belle plume, une belle voix, une belle personnalité. Il a des défauts mais on s’en fout.

B.L : Vous connaissez la relève, ses fils Ours et Pierre ?

G.M : Je ne sais pas qui est Pierre ni qui est Ours mais j’ai entendu des gens qui se présentaient comme les fils de Souchon et ça avait l’air pas mal…mais pas de quoi se relever la nuit.

B.L: Qu’est ce qui vous fait  vous lever la nuit ?

G.M : Une histoire d’amour avec une femme, une peinture ou une mélodie.

B.L: Ce n’est qu’une histoire de rencontres !

G.M : C’est un de mes maitres mots.

B.L : Que pensez-vous d’Olivia Ruiz ?

G.M : La seule fois où je suis allé l’écouter, je suis sorti à cause du volume sonore, trop fort à mon goût. Je suis sorti aussi pour Stanley Clark et d’autres musiciens. Je trouve que le volume qu’on utilise est un danger pour les oreilles. Je suis allé écouter Madonna et suis parti au bout de 10 minutes. Je préfère l’intégrité de mes oreilles au plaisir d’un spectacle.

B.L: Vous qui avez vu Brel, Brassens ou encore Ferré sur scène, c’était une autre dimension pour vous ? 

G.M : Rien n’a changé…à l’exception des rayons lasers et des gens qui se dandinent. Je ne vais pas jouer les vieux bougons mais il y a beaucoup de choses inutiles. Par exemple, j’ai connu Johnny Hallyday, j’ai fêté ses dix-huit ans et on était dans le même programme. Ce n’était pas hier, il avait cette même énergie, il n’avait besoin de rien. Aujourd’hui, ses spectacles sont encombrés de mille choses inutiles. Je dirais à l’artiste qu’il est -je ne suis pas un fan mais je lui reconnais des qualités- qu’il n’a pas besoin de tout ça. Ferré était seul sur scène avec des bandes magnétiques. Son aura, son charisme, son génie étaient suffisants.


B.L: Si vous deviez remonter sur scène, que feriez-vous ?

G.M : La scène représente l’occasion de retrouver mes musiciens.

B.L : Pas le public ?

G.M : Il faut un public pour donner l’impression de le retrouver. Le public est un prétexte de choix.

B.L: En parlant de choix, lors des dernières élections présidentielles, vous avez voté pour Ségolène Royal. Vous le regrettez ?

G.M : Pas du tout. Il n’y avait pas d’autre choix. Je n’ai pas voté pour Besancenot, je le trouve très doué, je l’aime beaucoup mais je ne le voyais tout simplement pas arriver. Ségolène était un ‘cheval’ possible.

B.L: Le fait qu’elle soit une femme a compté ou pas du tout ?

G.M : Pas du tout. Je préfère tout de même embrasser Ségolène que Mitterrand.

B.L : Vous l’avez fait ?

G.M : Oui.

B.L: C’était bien ?

G.M : C’était agréable !

B.L: Que pensez-vous des artistes qui s’engagent politiquement ?

G.M : C’est selon leur conscience. Je ne pense pas que l’on soit obligé d’être engagé. Si on en a envie, il n’y a pas de raison.

B.L : Carla Bruni est la femme du président. C’est aussi une chanteuse. Vous aimez son travail ?

G.M : Beaucoup. J’aimais beaucoup…surtout le premier album. Il y a des arrangements qui ne me plaisent pas, qui noient un peu le poisson mais le premier album imposait un registre de chanteuse qui me plaisait beaucoup. Sur le second, ce n’était plus une chanteuse, c’était la femme du Président qui chantait !

B.L : Le parti communiste a perdu l’un de ses plus célèbres partisans avec la disparition de Jean Ferrat. Le connaissiez-vous ?

G.M : Très bien, depuis très longtemps, cinquante ans. On s’entendait bien, on n’était pas exactement sur la même ligne ni pour la musique ni pour la politique mais on avait les mêmes valeurs exprimées différemment. Il était plus proche d’une idéologie communiste avec ses règles bien établies. De mon côté, j’ai toujours été contestataire, anarchiste. Je peux être en contradiction avec moi-même parce que je réagis aux coups de cœur, je peux aller chanter pour des grévistes et ensuite dîner au Crillon.

B.L: Quels sont vos projets ?

G.M : Remonter sur scène…je ne crois pas car je pense en avoir fait le tour. Rien ne me donne envie de faire un effort. Monter sur scène, c’est faire un effort et obtenir une récompense mais cela commence par un effort.

B.L : Le public ne vous manque pas ?

G.M : Il est dans mon cœur, le public m’a beaucoup réchauffé. Je n’ai pas envie de le rencontrer avec des moyens diminués. Je pense que lui non plus.

B.L: Pour conclure, je vous laisse vous poser la question à laquelle je n’ai pas pensé ?

G.M : Etes-vous contente d’avoir passé une heure avec moi ?

B.L: Vous avez raison, vous êtes un vrai séducteur.

G.M : Quel âge avez-vous ?

B.L : Rires…

interview de Bérengère Lou.

 


     Interview de Georges Moustaki
                 par Marc Bihan


                                       


Je viens d'apprendre que Siné Hebdo devenait mensuel, c'est vraiment un sale temps pour la presse satirique ! Je crois savoir que Siné est un bon ami à vous ?

Siné est un ami.  C’est à dire quelqu’un que j’aime et que j’admire.

Vous l'avez soutenu lors de sa mésaventure avec Philippe Val ?

Évidemment.

Que lisez-vous comme presse ?

Je lis de moins en moins la presse Surtout depuis que le dernier libraire de l’île Saint-Louis a fermé boutique.  J’achète Siné-Hebdo pour l‘édito et les dessins de Siné et je parcours Charlie-Hebdo qui me l’envoie toutes les semaines depuis quelques années. Les autres journaux, je les puise sur le comptoir des cafés en buvant un express.

Bon, je vais vous épargner les questions habituelles sur vos débuts, vous devez être lassé d'y répondre, à part une qui m'intéresse vraiment. Quel souvenir gardez-vous de votre incroyable histoire d'amour avec Édith Piaf ?

C’est une histoire qui mériterait plus qu’une simple réponse à un questionnaire.  D’ailleurs je l’ai tellement racontée…

A l'age de 13 ans, accompagné de votre mère, vous assistiez à un concert de la môme Piaf. Vous n'imaginiez pas à cette époque que dix années plus tard vous seriez son amant et que vous lui composeriez une de ses plus belles chansons « Milord ». C'était inimaginable pour vous ?

Rectification : j’avais 15 ans (je m’étais trompé). J’étais un fan de la chanteuse et ne rêvais même  pas de pouvoir l’approcher un jour. La rencontre a été fortuite et m’a confirmé dans mon credo selon lequel “tout peut arriver”.
Lui écrire Milord a été une énorme récompense car du même coup j’entrais dans la cour des grands avec la compagnie de deux femmes hors normes : Piaf et Marguerite Monnot (qui en a écrit la musique)

Vous avez la réputation d'un grand séducteur, les femmes ont-elles eu une importance considérable dans votre vie ?

La réponse est simplement “oui” J’ai une fascination pour les femmes et la féminité. Mais celles qui ont une une grande importance sont en nombre très limité.

L'amour et la liberté sont les moteurs de votre vie, c'est ce besoin de liberté qui explique votre passion pour la moto ?

La moto est une passion moins forte que mes passions amoureuses, artistiques ou musicales. Disons que parmi les engins qui nous permettent de nous déplacer, la moto est celui qui est – qui était - le plus séduisant, le plus marginal, le plus libertaire, le plus pratique. J’aimais aussi le monde des motards, leur esprit chevaleresque. Mais tout cela a un peu disparu et je suis interdit de moto depuis que je suis atteint d’une bronchite chronique.

Aujourd'hui vous voyagez  moins, à quoi occupez-vous votre temps libre ? Vous préparez un nouvel album ? Vous faites de la peinture ? Vous lisez ? Écrivez ?

Je ne prépare pas de nouvel album, je me laisse vivre en touchant un peu à tout. Peut-être que naîtront des chansons, des tableaux. Sinon  je lis et je soigne mon souffle par la musculation.

Depuis maintenant de très nombreuses années vous avez élu domicile dans l'Ile St-Louis à Paris et vous avez pour proche voisine la magnifique Bigitte Fontaine. Il vous arrive de vous croiser ?

Brigitte et Areski  ont été mes  hôtes pendant quelques mois. Sans doute ont-ils découvert l’île Saint-Louis à ce moment-là. Nous nous croisons et devisons comme des voisins amis, mais nous sommes toujours en manque de temps depuis qu’elle est une star. Malgré tout nous prenons celui d’écrire ensemble une chanson.

Que pensez-vous de la nouvelle chanson française, des chanteurs tels que Cali, Bénabar, Benjamin Biolay, Jeanne Cherhal et autre Olivia Ruiz ?

Chacun d’eux – et bien d’autres - a d’indéniables qualités. J’ai un lien avec certains d’entre eux et un faible pour Sansévérino.

Vous aimeriez écrire pour des artistes de cette nouvelle génération ?

Oui. J’ai écrit avec Delerm. C’est une question de circonstances. Nos sensibilités sont compatibles.

Comment expliquez-vous que ce sont toujours les mêmes qui monopolisent les médias, et que des artistes de grand talent tels que Loïc Lantoine, Allain Leprest, Christian Paccoud ou Jean Guidoni restent dans l'ombre ?

L’ombre est plus respectable que les projecteurs des émissions ineptes (pour la plupart). Pour ma part, je ne cours pas après les médias. Je ne me lamente pas de m’y faire rare. Tant pis pour les producteurs qui se privent de programmer les talents que vous citez. Consolez-vous, la télévision pourrait tuer.

Nous sommes très loin d'une génération d'artistes tels que vous, Brel, Brassens ou Ferré. Qui voyez-vous comme relèves ?

Entre parenthèses, ces artistes n’étaient pas des bêtes de promotion. Ils ont existé et durent encore par la dimension de leur personnalité et de leur art. La relève est impossible à imaginer, chaque génération engendre les chanteurs qu’elle mérite. Brel, Brassens, Ferré ou Barbara n’obéissaient pas aux critères commerciaux, mais ils étaient en phase avec leur époque.

Que pensez-vous de l'industrie du disque aujourd'hui ?

L’industrie du disque est en plein désarroi à cause des nouveaux supports technologiques. Je n’ai de relations qu’avec des individualités humaines (c’est-à dire pas des bureaucrates) parmi les gens de la profession. L’industrie est un monstre inhumain, dans tous les domaines. Depuis toujours. Pourtant dans les maisons de disque il y a de vrais amoureux de leur métier, de la musique et du spectacle. Ils ont du mal à se faire entendre. Mais il y arrivent parfois  fort heureusement.

Il n'y a plus la place pour le talent, seules les ventes de disques comptent, vous ne trouvez pas incroyable que des gens comme Alain Chamfort ou Nougaro soient remerciés car ils ne vendent plus assez ?

C’est lamentablement normal et de bonne guerre. Il en a toujours été ainsi. Ceux qui gèrent les maisons de disque ont des objectifs purement matériels. Quand ils produisent un chanteur ils en attendent un bénéfice.

Comment sont vos rapports avec votre maison de disque ?

Depuis qu’elle a quitté la Place des Vosges j’ai des rapports épisodiques. Entre deux albums il est rare d’avoir des occasions de se voir.

Votre fille, Pia, chante également, j'ai beaucoup aimé son disque. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?

Difficile d’être objectif avec sa fille. Je suis content que le disque plaise.

Vous aviez chanté ensemble la chanson « Elle est elle », vous gardez un bon souvenir de ce duo père-fille ?

Elle avait la voix que je recherchais pour ce duo. Et en plus c’est ma fille. Deux raisons d’en être réjoui.

Vous avez choisi son prénom en hommage à Pia Colombo ?

Non c’est ma mère italophile qui a suggéré ce prénom bien avant que je connaisse Pia Colombo

L'Égypte est votre pays de naissance, êtes-vous attaché à vos racines ?

Je suis très attaché à Alexandrie, référez vous à mes chansons et mes écrits. Ils sont dégoulinant de nostalgie.

Vous qui avez eu votre première carte de séjour le 12 novembre 1951, et qui vous considérez comme un citoyen du monde, que pensez-vous du débat en France sur l'identité nationale? Des reconduites à la frontière ? Des idées d’Éric Besson sur l'immigration ?

Je suis en parfaite empathie avec ceux qui subissent les tracasseries. Besson est dans une tradition répressive parfaitement réactionnaire et je combats ses idées.

Faîtes-vous votre devoir de citoyen en allant voter à chaque élection ?

Parfaitement.

Comment se concrétise votre engagement politique ? Vous soutenez certaines associations ? Vous adhérez à un parti politique ? Vous participez à des manifestations ?

Je m’exprime surtout par l’écrit et la musique et occasionnellement en  apportant mon soutien ponctuel à tel ou tel courant politique.

Quel regard portez-vous sur l'état de la France après ces quelques années d'ultra libéralisme ?

Un regard consterné.

Il y a des injustices qui vous irritent  plus que d'autres ?

L’injustice est toujours révoltante.

Vous avez soutenu Ségolène Royal lors des Présidentielles de 2007, vous ne le regrettez pas ?

Pas un instant, le choix était clair.

Prendrez-vous parti pour un candidat en 2012 ? Et qui voyez-vous le mieux placé pour représenter la gauche ?

Je ne suis ni visionnaire ni politologue. Je voterai au plus près de mes convictions.

Vous n'êtes pas désabusé à force de voir que rien ne change malgré les gouvernements qui passent ?

Les choses changent pour le mieux ou le pire, mais si lentement qu’on ne s’en aperçoit pas toujours.

Ce n'est pas risqué pour sa carrière quand un artiste s'engage politiquement ? Je pense à Faudel, Doc Gynéco ou encore Christian Clavier qui ont payé cher leur soutien à Nicolas Sarkozy.

Je me sens tout à fait libre dans mes engagements, sans penser aux conséquences pour ma carrière et sans être un militant pour autant.

La femme de notre Président est chanteuse, vous lui trouvez du talent ?

Affirmatif.


A force de faire continuellement le tour de monde pour vos tours de chant, quel constat faites-vous sur l'avenir de la planète ?

Je crois que la planète est plus forte que ceux qui veulent lui  nuire. Elle subit des agressions depuis des siècles mais elle s’en remettra. Cependant, il ne faut pas l’abandonner à elle-même,  il faut la défendre.

Le parti communiste a perdu un de ses plus célèbres partisans avec la disparition de Jean Ferrat, vous le connaissiez bien ?

Nous nous sommes connus dans nos débuts dans les années 50. Il était resté de l’amitié et de l’estime, mais nous avions peu d’occasions de nous voir.

Il y a une certaine nostalgie quand on voit partir les plus grands de la chanson française ?

C’est vrai pour ceux que j’ai bien connus les grands et les moins grands et qui me manquent. Heureusement ils restent vivants dans nos mémoires et par leurs œuvres.

Renaud a chanté « Mon bistrot préféré », une chanson sur les personnes qu'il aimerait retrouver au paradis : Reiser, Coluche, Gainsbourg, Dimey, Doisneau etc... Vous, qui aimeriez-vous revoir là-haut ?

Tous ceux que j’ai aimé, inconnus ou célèbres.

D'ailleurs cette chanson est un plagiat de votre chanson « Les amis de Georges », il vous a demandé l'autorisation ?

Je ne connais pas la chanson de Renaud.

Vous avez sûrement de nombreuses chansons de côté, à quand un nouvel album ?

Je n’envisage pas de nouvel album dans les prochains mois. Les muses en décideront.



INTERVIEW DE MARC LABRECHE par Marc Bihan

 

Comment expliquer que nos dirigeants de chaines de télévisions préfère diffuser pour la millième fois un épisode soporifique de Derrick ou investir de l'argent dans des séries aussi indigeste que Julie Lescaut ? Pourtant il existe sur le marché un feuilleton poilant à s'en décrocher la mâchoire. Le jour où TF1 et France 2 se décideront de ne plus prendre les téléspectateurs pour des crétins, alors peut-être aurons nous la chance de voir voir diffuser la plus déjanté des séries made in Québec : Le Cœur a ses Raisons ! En attendant ce miracle nous vous proposons, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, de faire la connaissance de Marc Labrèche, acteur principal de la série. Et un dernier conseil, procurez-vous en urgence les DVD des trois saisons de cet ovni hilarant.

Devenir comédien c'était votre destin, vous avez commencé très tôt à monter sur une scène ?

J’ai commencé tout jeunot, en fait. Je participais comme comédien à quelques émissions de télé, lorsqu’on avait besoin de jolis garçons pré-pubères… Mais je désirais devenir journaliste. Cependant, j’ai commencé, avec beaucoup de chance, à gagner sérieusement ma pitance comme acteur à l’âge de 17 ans, au théâtre, dans Harold et Maude, une pièce merveilleuse, tirée du film-culte que plusieurs connaissent, où je m’adonnais à des suicides ratés à plusieurs reprises avant de tomber amoureux ( c’est l’histoire… ) d’une belle octogénaire poétique en rut. À la fin, je devais l’embrasser sur la bouche...  Ça a été mon épiphanie. Je n’ai plus cessé de jouer depuis, espérant toujours, au fil des rôles, pouvoir embrasser de nouveau une belle actrice gériatrique sur la bouche. J’en rêve sans arrêt depuis ce temps. Je suis très gériatrique, vous savez.

C'est un point commun avec Laetitia Hallyday ! Vous avez aussi animé quotidiennement, durant trois ans, une émission satirique : « La fin du monde est à sept heures », décrivant l'actualité internationale. Le contenu y était assez cru et corrosif, pourrait-on la comparer à l'émission Groland en France ?

En partie, sinon que Groland, à ce que je sache, se situe dans un pays fictif, où l’actualité recoupe bien sûr la réelle, mais où une partie importante est totalement imaginée. Notre émission à nous était un vrai TJ quotidien, basé sur la véritable actualité quotidienne québécoise et canadienne, sociale et culturelle. Prétexte à déconnre et extrapoler, bien sûr… C’était d’abord une satyre et le ton était très ironique. Mais on se basait tout de même sur l’actualité du jour, et on pressait les vrais acteurs de l’actualité à venir sur notre plateau tout autant pour y jouer dans nos sketches que pour répondre à des questions un tantinet plus pointues, selon les circonstances.
     Lorsqu’il a été question de peut-être développer quelque chose chez vous, avec M6 ou France 2, c’est dans cette direction que j’aurais souhaité aller.. Mais personne n’en a voulu. Snif, snif….

J'y reviendrais. Étiez-vous déjà auteur de certains des sketches à cette époque ?

On a toujours travaillé en collaboration, les auteurs et moi. Davantage au début. On était trois à écrire toute la journée, cul à cul, au même bureau, nos émissions pour le direct du soir. C’est pendant La Fin du Monde… que j’ai rencontré l’auteur Marc Brunet, avec lequel par la suite on a développé Le Coeur a ses Raisons. Mais dans ce dernier cas, Marc écrit les textes seul, à partir de ce qu’il connaît de nous, bien sûr... Mais ses textes sont si jouissifs, et il s’y retrouve tellement à l’aise dans l’écriture, c’est impeccable comme ça.

Peut-on rire de tout au Québec ? Il y a des sujets à ne pas aborder ? Des tabous ?

Je ne suis pas spécialiste des tabous - sinon ceux qui concernent directement mon hygiène personnelle… Bof, enfance compliquée dans les mines… sexualité… enfin. Je vous épargne. Cela dit, je crois qu’on peut réussir à parler de beaucoup de choses, si on le fait avec vision et intelligence. Est-il primordial de tout dire de toute manière ? Un sujet inoffensif et consensuel, traité sans imagination, où il n’y a aucune allégorie, aucun deuxième degré, m’irrite davantage qu’un supposé tabou, qui ne sera peut-être pas le même tabou pour tout le monde, de toute façon… Elle est là la vraie vulgarité, pour moi… Mais, bon je ne crois pas qu’il y ait de réponse à ça. Pour moi la véritable audace ne se trouve pas nécessairement dans la liberté qu’on s’octroie de tout dire ; la véritable audace est d’être poétique, c’est-à-dire aussi parfois silencieux et laisser le non-dit exprimer ce que l’énoncé n’arrive plus à faire… Mais je m’égare. 

Vous avez ensuite enchaîné avec talk-show en prime time « Le grand blond avec un show sournois », c'était un clin d'œil au film de Pierre Richard ? Vous admirez cet acteur ?

C’était principalement pour le jeu de mots… Mais c’est vrai que j’ai grandi tout de même avec Pierre Richard. C’est pour moi une des grandes icônes de mon enfance. Et quand j’ai eu la chance de le rencontrer, j’étais admiratif. On a même été voir un match de tennis ensemble, pendant le Masters de Montréal. C’était l’année des joueuses féminines. On regardait les filles ensemble, lui et moi, devant une bière, en silence. Revers, services, coups droits, jolis mollets, jeu de pieds, croupes prononcées, fermeté des cuisses… Ça m’émeut encore, quand j’y pense, d’avoir admiré toutes ces femmes fermes en sa compagnie.

Bizarre ! Ça ne m'a pas fait le même effet en voyant Amélie Mauresmo sur un court de tennis.... Sur Radio Canada vous étiez à l'antenne dans Fric Show, c'était sur la consommation. Vous pouvez nous raconter rapidement en quoi cela consistait ?

Entre une émission de variété et d’enquête, Fric Show traitait hebdomadairement de sujets divers de consommation, tels les pétrolières, la législation et l’embouteillage de l’eau de source, les grandes multi-surfaces, la gestion des déchets, les banques, etc. Ça peut sembler aride comme ça, mais l’enrobage surréaliste d’un cirque baroque, dont j’étais le maître de piste, accompagné d’un géant, d’une contorsionniste et d’un nain, donnait un ton et du spectacle à l’ensemble. Les journalistes officiels n’aimaient pas, en général ; ils nous accusaient de jouer dans leur plate-bande tout en nous adonnant à l’immonde information-spectacle, le pire des sous-genres existant…

En France vous êtes surtout connu pour avoir campé les trois personnages principaux de la série-pastiche Le Cœur à ses Raisons, une parodie des soaps américains tels que Les Feux de l'Amour. Nous n'avons aucune série aussi délirante et drôle chez nous, pourtant les diffusions de votre feuilleton déjanté ne sont pas passées sur de grandes chaines nationales en France. Avez-vous une explication ?


Aucune idée. Faudrait leur demander.


Seulement trois saisons sont passées sur nos écrans. Existe t-il d'autres saisons en préparation ?


Non. Il y a peut-être un projet de comédie musicale sur scène qui nous amuserait, quelque chose comme “ Les Parapluies de St-Andrews “… Ou un film musical. Mais rien de concret pour l’instant.


Dans cette série, comme dans la plupart de vos émissions, vous adorez vous travestir en femme. C'est une occasion de réaliser un phantasme ?


Pas vraiment. Comme je suis souvent seul à l’animation de mes émissions et que, par nature autant que par la force des choses, j’aime interpréter plusieurs personnages, ben arrive un moment où je dois me travestir…  Cela dit, j’adore. J’aime les beaux tissus, les fards à joue, le bas résille, me faire siffler sur la rue… J’en comprends un peu plus chaque jour sur la psyché féminine. Cela fait de moi, selon les dires de mon amoureuse, un amant à la fois très tendre et très performant… Je le conseille à tous les garçons. 


Comment expliquez-vous que des humoristes Québécois, tels que Anthonny Kavannag ou Stéphane Rousseau, aient réussi à faire carrière en France alors que vous, toujours pas, malgré un talent incontestable ?

Ils vont chez vous avec un ou plusieurs spectacles sous le bras. Je n’ai jamais produit à titre d’humoriste. Je suis un acteur et me sers de ma formation d’acteur pour animer à la télé des émissions dans lesquelles je peux jouer l’acteur. J’ai fait déjà des one-man shows en tant qu’acteur, dont  Les Aiguilles et l’Opium de Robert Lepage, un créateur théâtral québécois génial, spectacle que j’ai tourné en France et en Europe, d’ailleurs. Mais bon, peut-être irais-je un jour chez vous, si on m’y invite, à faire une lecture des plus beaux textes de Malarmé et de Rimbaud, vêtu en Brenda, accompagné d’un petit orchestre de chambre de travestis. Je ferais la tournée de tous les bars et salons du Marais, subventionné par le Ministère de la Culture. Ce serait génial.

Je suis certain que le Maire de Paris pourrait organiser ça. Gilbert Rozon est le producteur du festival Juste Pour Rire, il est également l'impresario des plus célèbres comiques : Dubosc, Foresti, Lemoine, Rousseau, Alévèque.... C'est également lui qui est votre agent pour la France ?

Non. J’aime beaucoup Gilbert, que j’ai eu l’occasion de côtoyer à un certain moment, mais n’est pas mon agent. Je n’ai d’ailleurs pas d’agent en France. Avez-vous quelqu’un de bien à me présenter ?

Ma mère, elle cherche du boulot actuellement, je vous la présenterais. Il y a eu une rumeur, depuis quelques mois, que vous aviez un projet d'émission chez nous sur M6. Mais depuis, plus de nouvelles. Vous pouvez nous en dire plus ?

Ça ne s’est pas fait pour plusieurs raisons. Je crois qu’ils souhaitaient que je fasse un talk-show consensuel, très people, sans subversion, ni deuxième degré, ce qui ne m’intéressait pas. Je crois qu’au départ, ils ont fait preuve d’une réelle ouverture ( déjà songer à un Québécois pour animer en prime time du variété chez vous était plutôt audacieux… ) mais, au final, je pense qu’ils ont eu peur de me laisser faire ce dont j’avais envie. Ou bien simplement que je ne leur convenait plus. Mais je garde un très bon souvenir de ce court moment parisien, passé à débroussailler des idées possibles. J’ai rencontré des gens super… dont Laurent Baffie qui m’épate et qui, j’ose dire, est devenu un peu mon cousin hexagonal. Cela dit, j’adore la France, mais j’ai ici une liberté précieuse à la télé et dans mon métier que je ne sacrifierais pas pour n’importe quoi.  

Quel est votre regard sur la télévision Française ? Et sur notre humour ?

Je trouve vos émissions de grands reportages et vos plateaux culturels fantastiques. Je suis moins fan, pour tout dire, de vos émissions de variété. Je ne trouve plus – mais peut-être existent-elles sur Canal, entre autre – des Nulle Part Ailleurs ; des émissions insolentes, audacieuses, libres…  Pour un Groland, combien de télé-réalités insipides et d’émissions de variété convenues, interminablement répétées sur les précédentes, tout aussi ronflantes et pompeuses… Je crois vraiment les diffuseurs sont de plus en plus frileux, troquant de plus en plus l’imagination et l’audace pour leur business. Vérité de la Palice, je sais… Et c’est partout pareil.

Il y a une grande différence entre nos deux pays sur la façon d'aborder l'humour ?

Je ne crois pas. Ça circule plutôt bien entre vous et nous, non ?... Vous avez souvent ce redondant réflexe de vous embêter de notre accent, comme si on parlait un dialecte inconnu, mélange d’urdu et de slavon ancien, mais une fois ce redoutable obstacle traversé, on rigole ensemble, souvent des mêmes choses. Et ça fait chaud au coeur. On a envie à ce moment-là de vous prendre dans nos bras de longues minutes, puis de vous embrasser sur la bouche, comme une actrice gériatrique en rut… Vous ai-je dit que j’étais très gériatrique ?

Oui, c'est pour cette raison que je tiens à vous présenter ma mère. Actuellement vous êtes présentateur de l'émission The Marc Labrèche Show. En comparaison c'est un mixte des émissions connues en France, de Tout le monde en parle et des Guignols de l'info ?

Ça s’appelle en fait 3600 Secondes d’Extase, une émission d’une heure basée sur l’actualité sociale, politique et culturelle de la semaine. C’est présenté comme un bulletin de nouvelles, mais on a troqué les reportages pour des sketches, des faux reportages absurdes et des parodies d’émissions de télé, avec quelque collaborateurs en studio qui chroniquent sporadiquement sur un sujet d’actualité donné. Je crois que certaines des émissions sont diffusées chez vous sur TV5.

Existe t-il l'équivalent de nos Guignols chez vous ?

Non. Par contre, plusieurs humoristes, jusqu’à récemment, traitaient d’actualité dans leur spectacle, à la manière américaine. C’est un peu moins vrai maintenant. On parle davantage du couple, du quotidien, de l’anecdote… C’est pareil chez vous ?

Oui il y a Arthur si vous voulez parler de spectacle sans intérêt. Est-il possible de se moquer facilement de vos hommes politiques ?

Oui. Mais la caricature n’a évidemment d’intérêt que si elle vient accompagnée d’un éditorial, sans quoi c’est trop facile. Mais il y a moins de décorum entourant les hommes et les femmes politiques au Québec qu’en France. Pour le meilleur et pour le pire… Le pire étant pour eux, ça va de soi…

Quelle image a notre président Nicolas Sarkozy chez nos cousins Québécois ?

Petit, batailleur, agité.

Et de sa femme Carla Bruni ?

Grande, pacifique, baba cool.

Pourquoi nous avoir envoyé Garou, Céline Dion, Coeur de Pirate et Isabelle Boulay, vous nous en voulez à ce point ? On aurait préféré accueillir Plume Latraverse.

Invitez-le ! Mais, je vous préviens, il pourrait venir chanter son récital à l’Olympia avec des fausses lunettes surplombant un gigantesque faux pénis en plastique en guise de nez… Est-ce que la France est prête ?

La France je ne sais pas, mais moi oui ! Et vous, quand vous décidez-vous à venir nous faire rire ici ? Quels sont vos projets à venir ?

Proposez-moi une pièce où j’ai à embrasser, à la fin, une actrice octogénaire sur la bouche, et je saute dans le premier avion.

Je parle de vous prochainement à Line Renaud, promis...Un dernier petit mot pour vos fans français ?

Continuez à me faire rire, m’émouvoir, et d’avoir envie de faire l’amour avec moi. Je vous comprends totalement. Et j’en suis flatté. Un jour, on se mariera tous ensemble, on habitera un pays commun où les gens seront tous extravertis et festifs, beaux et intelligents, raffinés et rebelles. Et on fera l’amour sans compter. En attendant, vive la France fraternelle ! Et vive le Québec libre !




L'histoire du Coeur a ses Raisons en deux mots voir en trois !

Le Coeur a ses Raison est une parodie des soaps kitch du style Les Feux de l'Amour, mais avec des personnages échappés d'un asile psychiatrique ! Un synopsis aussi tordu que hilarant. Doug Montgomery, un magnat des produits de beauté, est retrouvé mort dans son opulent manoir de Saint-Andrews. Son fils favori Brett, qui avait renoncé à diriger l'entreprise familiale pour pratiquer la médecine, est alors opposé à son frère jumeau Brad qui veut reprendre le contrôle de la société. Ce qui donne lieu à des intrigues et des situations complètement folles, des gags loufoques, et je ne vous parles pas des rôles désopilant de Clifford, Criquette, Ashley, Brenda, Magde ou le détective Peter Malboro ! Autant de rebondissement que de fous rires font de cette série le meilleur de ce que peut nous proposer le petit écran. Simplement culte !